Je connaissais Philippe Aronson en tant que traducteur, mais c’est Antoine (130 livres) qui me l’a fait découvrir en tant qu’auteur avec « Un Trou Dans Le Ciel ».
Ce court roman est une biographie romancée de Jack Johnson, premier Noir Américain à avoir été champion du monde poids lourds. En effet, à l’époque, le combat entre Noirs et Blancs était interdit dans cette catégorie. Il narre cette histoire à la première personne en 1946, alors qu’il est âgé de soixante-huit ans. Pas besoin d’aimer la boxe, ou de s’y connaître pour apprécier ce récit, sa grande force étant la personnalité hors normes de Jack Johnson.
L’histoire n’est pas chronologique, on suit les pensées de Jack alors qu’il effectue un voyage en Caroline du Nord pour projeter le film de son combat historique de 1910. Né au Texas en 1878 de parents anciens esclaves, il va défrayer de nombreuses fois la chronique, et pas qu’en boxe. L’homme est tout autant cultivé et lettré qu’il est noceur et provocateur. S’il est victime de racisme dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle, il n’a de cesse de vivre comme il l’entend, et n’a finalement pas plus d’atomes crochus avec les Noirs qu’avec les Blancs. Son meilleur ami d’enfance est juif – c’est lui qui lui fera découvrir la littérature, et notamment le personnage auquel il s’identifie pleinement, Edmond Dantès dans le Comte de Monte-Cristo, et il épousera plusieurs femmes blanches malgré les lois en vigueur à l’époque, qui lui vaudront d’ailleurs de passer un an en prison.
Dans ce texte, Jack Johnson semble souvent assez imbu de lui-même, mais tout le monde en prend pour son grade, et surtout, c’est un homme en avance sur son temps, qui ne subit pas sa vie, repousse les frontières et brise les tabous, ce qui finit par susciter de la sympathie pour lui. Je ne connaissais pas du tout ce boxeur (je ne m’intéresse pas du tout à la boxe), et j’ai lu ce portrait avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. Une très belle découverte !
Publié en 2016 aux éditions Inculte, 128 pages.