La troisième bande dessinée que Claire et moi avons mis à l’affiche de la 120e émission du podcast littéraire Bibliomaniacs est « Les Filles de Salem » de Thomas Gilbert.
L’histoire se déroule au 17e siècle dans le petit village de Salem. On y découvre une communauté organisée autour d’un prédicateur, le révérend Parris, et un récit qui commence par une déclaration d’amour, puisque la jeune Abigail Hobbs, qui mène une vie tranquille auprès de son père et sa belle-mère, reçoit en cadeau un petit âne sculpté de la part d’un garçon de son âge. On pourrait penser que c’est le début d’une belle romance, et pourtant, c’est a contrario le début d’une spirale infernale qui va bouleverser la vie d’une centaine de femmes de la région, avec un procès pour sorcellerie qui est rentré dans l’Histoire.
L’épisode des Sorcières de Salem m’était bien sûr familier mais je n’en connaissais pas les détails. Thomas Gilbert personnifie cette histoire à travers une adolescente attachante, Abigail, qui veut juste un peu d’amour et de liberté, et qui va être victime du puritanisme (d’ailleurs jugée en premier par ses pairs, puisque c’est le Conseil des Femmes qui intervient pour contrôler son apparence et ses allées et venues), puis de l’hypocrisie religieuse et de la folie collective.
Au fur et à mesure que l’on avance dans le temps et que le péril se rapproche, les couleurs (au début très jaunes) s’assombrissent, et l’auteur utilise de plus en plus de noir, mais aussi de rouge, et les dessins deviennent de plus en plus glauques et tourmentés, avec certaines scènes qui m’ont fait penser à des tableaux de Jérôme Bosch – avec des foules où suintent le vice et la violence. L’histoire se déroule au XVIIe siècle, mais elle fait partie d’une très longue tradition où les femmes sont les premières victimes lorsque les temps sont troublés, et où des gens à peu près normaux font et laissent faire des choses horribles dans des situations de crise. A noter que l’on rencontre dans cette bande dessinée Tituba, dont Claire me confirme qu’il s’agit bien du personnage du roman « Moi, Tituba sorcière » de Maryse Condé, que j’ai très envie de découvrir.
Une bande dessinée très réussie sur un épisode historique terrifiant!
Publié en 2018 chez Dargaud, 200 pages.
ah Salem ! en ayant étudié l’histoire américaine, impossible de passer à côté
mais ce n’est pas mon cas 😉