« Tea Rooms » de Luisa Carnes est un roman espagnol paru en 1934. Matilde, une jeune femme de vingt ans, cherche désespérément du travail en tant que dactylo, sa famille étant dans une situation économique difficile, en ces temps de crise et de chômage. Elle trouve finalement un emploi dans un salon de thé chic de Madrid…
La plus grande partie du récit se déroule donc dans le salon de thé, où l’on découvre l’équipe d’une dizaine de personnes qui y travaillent : une dizaine d’employés, en majorité des femmes entre 18 et 50 ans, la responsable, et le patron, surnommé l’ogre. Alors que le début est centré sur Mathilde, le reste du livre présente plusieurs personnages, avec leurs interactions personnelles et professionnelles – les inimités, l’entraide, la camaraderie, les histoires d’amour, les flirts… mais aussi les conditions de travail : le salon de thé est chic, mais les employés sont payés chichement, travaillent soixante-dix heures par semaine, n’ont qu’une demi-journée de libre et celle-ci est souvent annulée…
Nous sommes dans les années 30 en Espagne, et les syndicats s’organisent, plusieurs grandes grèves ont lieu, ce qui éveille la conscience politique de Matilde qui s’interroge sur le peu de droits des travailleurs, mais aussi sa conscience féministe, les femmes étant écrasées par le poids du patriarcat, de la religion et de la tradition. C’est encore pire pour les femmes pauvres dont elle fait partie, qui ne semblent pouvoir vivre un peu mieux que via la prostitution ou le mariage. La jeune femme en arrive à la conclusion qu’il faut faire la révolution, et lutter pour l’émancipation des femmes et des prolétaires…
« Tea Rooms » est très accessible, très vivant, et bien qu’il ait quasiment cent ans, l’écriture n’est pas datée. Encore aujourd’hui, il n’y a pas tant de livres que ça qui explorent le monde de l’entreprise, les interactions entre employés, les conditions de travail, et ce roman est bienvenu.
Une très bonne surprise !
Publié en Avril 2021 à la Contre-Allée, traduit par Michelle Ortuno, 270 pages.
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