J’avais lu « Toxique » de Samanta Schweblin il y a 4 ans pour le podcast littéraire Bibliomaniacs, et c’est à nouveau pour Bibliomaniacs que j’ai lu le nouveau roman de l’autrice argentine : « Kentukis ».
Le Kentuki est le nouveau gadget à la mode, que le monde entier s’arrache, toutes générations confondues. C’est un petit animal en peluche (un corbeau, un dragon, un lapin…), monté sur roulettes, avec une caméra embarquée qui va filmer ce qu’il se passe chez son propriétaire. Cette caméra est contrôlée à distance par la personne qui aura acheté un droit de connexion. Cette connexion est internationale, aléatoire et unique: on ne choisit pas qui on voit ou par qui on est vu, et on ne peut pas non plus changer et initier une nouvelle relation. La relation se crée uniquement via la caméra, de façon unilatérale, et il n’y a pas d’autre moyen de communiquer.
« Kentukis » est un roman polyphonique autour de ce thème, avec plusieurs histoires qui racontent la relation entre celui qui voit et celui qui se fait filmer. Comme dans « Toxique », l’atmosphère est malsaine, prenante, marquante, mais l’autrice s’est complètement renouvelée. L’idée de départ est ultra pertinente, elle est inventive tout en étant totalement réaliste, j’imagine tout à fait ce genre de gadget être mis sur le marché et rencontrer un succès dingue.
J’ai lu ce roman avec un grand intérêt, il commence d’ailleurs très fort avec l’histoire bien flippante d’une bande d’ados. J’ai notamment beaucoup aimé l’histoire, sur plusieurs chapitres, qui raconte le lien qu’une dame sud-américaine d’un certain âge, à qui son fils a offert une connexion, crée avec une jeune femme allemande à la vie sentimentale mouvementée.
Quelques réserves tout de même : tous les axes narratifs ne sont pas aussi développés, et n’ont pas le même intérêt, le même degré de précision. Si l’histoire de cette dame sud-américaine aurait pu faire l’objet d’une nouvelle, voire même d’un roman à elle toute seule, tout comme celle du père divorcé avec son fils, d’autres ont moins de potentiel, ce qui donne un côté bancal au roman, et laisse un petit goût d’inachevé.
Le thème du livre est néanmoins absolument génial, et « Kentukis » est un roman qui sort de l’ordinaire, et qui ne s’oubliera pas de sitôt. Un ouvrage qui plaira aux fans de Black Mirror!
Publié en Janvier 2021 chez Gallimard, traduit par Isabelle Gugnon, 272 pages.
A retrouver dans l’émission n°122 du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.
pas du tout entendu parler
le sujet est évidemment très intéressant
sais-tu qu’une célèbre marque de vélos d’appartement électroniques vient d’être accusée d’espionner les propriétaires ?
ah non je n’en ai pas du tout entendu parler !!