Quel plaisir de retrouver Riad Sattouf avec le cinquième tome de sa série « L’Arabe du Futur »!
L’histoire est dans la continuité du tome 4 : je ne dévoilerai pas ce qu’il s’est passé à la fin du volume précédent, mais la famille de Riad est complètement bouleversée par ce drame. Tous vivent dans l’angoisse, dans l’expectative, et personne ne les aide, car Clémentine, la mère, se retrouve dans le no man’s land des mariages mixtes, a fortiori quand le pays du conjoint est aussi éloigné géographiquement et culturellement de la France que la Syrie.
La tonalité de ce tome est donc assez triste et mélancolique, même s’il y a des passages tragi-comiques qui sont vraiment très drôles. Riad est en pleine adolescence, il est en quatrième au début du livre, et en Seconde à la fin. Elève plutôt solitaire, il découvre les dynamiques du collège, avec les beaux qui dominent, et les moches mis à l’écart, qui n’arrivent à sortir avec personne. C’est aussi le temps des premiers sentiments amoureux avec Anaïck, une camarade qui semble avoir plus de recul, de maturité et de culture que la plupart des autres collégiens. C’est vraiment l’art qui est le refuge de Riad et un vecteur d’intégration : son don pour le dessin l’aide à se faire des amis et à être respecté des « dominants », et via ses camarades, il découvre les grands auteurs de BD (Bilal, Moebius) mais également les livres de Lovecraft, et la musique de Nirvana ou de Slayer.
Il y a également une réflexion identitaire dans ce livre : Riad est né d’un père syrien et d’une mère bretonne. Il a un prénom et un nom arabes, mais n’a pas un physique qui reflète ses origines, et n’est pas considéré comme arabe par ses camarades ou par les gens qu’il peut croiser. Le Tome 5 marque la rupture avec le père : comment se considérer Syrien, ou même Arabe, alors que son père a détruit leur famille, que sa mère se reproche (et se voit reprocher) tous les jours de s’être mariée avec un Arabe, et que les seuls que Riad croise sont des bandes de jeunes à casquette qui sèment la terreur dans les rues de la ville?
Un très beau tome, doux-amer, peut-être à date mon préféré de la série… vivement le sixième (mais malheureusement dernier) volume !
Publié en 2020 chez Allary, 176 pages.
je l’ai lu il y a fort longtemps (en avril) et j’avais beaucoup aimé cet opus même s’il est plutôt triste ..
on attend toujours le dernier volume !
oui j’ai tellement hâte !