Ariane ne devait pas aimer Sandro. En couple avec un homme qui semble cocher toutes les cases, et mère de trois filles, elle chavire pourtant, à la faveur de quelques regards échangés à la terrasse d’un bar lors d’un apéro en famille, pour ce barman fêtard, qui abime sa jeunesse dans l’alcool, les soirées et la clope.
Mais Sandro, c’est tous les hommes de sa vie, en lui réunis. L’alcool, les origines italiennes, une certaine manière d’être, lui rappellent, dans le désordre, son grand-père maternel, son père, son frère, un de ses beaux-pères aussi- Lolo, un homme plus jeune que sa mère, avec qui elle formait un couple en apparence mal assorti, mais qui comptera beaucoup dans la vie d’Ariane avant de disparaître.
Car la situation d’Ariane aujourd’hui fait écho à celle de sa mère vingt ans plus tôt, tout comme sa fille aînée doit trouver sa place vis-à-vis d’un beau-père, comme elle à l’époque. Comme dans « Sous le soleil de mes cheveux blonds » , le précédent roman d’Agathe Ruga, on retrouve dans « L’homme que je ne devais pas aimer » cette image du papillon qui se cogne contre les vitres, car il a envie de vivre follement, intensément, quitte à se brûler les ailes. L’histoire entre Ariane et Sandro est certes ponctuée de quelques rencontres, mais surtout faite d’attente, de silences, d’échanges virtuels- cependant Ariane perd tout intérêt pour toute autre composante de sa vie pourtant bien remplie. Mais Sandro est-il une finalité ou un catalyseur pour faire exploser une vie qui étouffe Ariane sans qu’elle n’ait voulu l’admettre jusque là?
« L’homme que je ne devais pas aimer » m’a happée dès la première page. C’est un livre éminemment personnel, et pourtant il parlera, je pense, à de nombreux lecteurs, hommes comme femmes… ce roman est profondément sincère, parfois brutalement honnête, mais surtout très beau. Une réussite !
Publié en Avril 2022 chez Flammarion, 200 pages.