« Une Chambre au Soleil » de John Braine est un roman britannique originellement publié en 1957 et réédité cette année par les éditions du Typhon.

Nous sommes en 1946 : Joe Lampton, 25 ans, a passé toute sa jeunesse dans une petite ville ouvrière, Dufton, qu’il déteste et qui était, selon lui, « peuplée de zombies ». Il arrive à Warley, ville plus cossue, à la faveur d’un nouveau travail à la comptabilité de la mairie, et entend bien grimper sur l’échelle sociale. Via ses logeurs, les Thompson, il est introduit dans le cercle d’une troupe de théâtre amateur. Là, ce jeune et beau garçon plait à plusieurs femmes, notamment Alice, une trentenaire mariée, et Susan, une jeune fille de bonne famille…

Au vu de la quatrième de couverture, je m’attendais à une ambiance plus cynique, à un personnage principal détestable. Or, le récit commence avec des scènes très réussies, très fines, dans le foyer des Thompson, couple de logeurs qui a perdu leur fils durant la guerre. Joe est certes un jeune homme qui a envie de réussir, de se sortir de son milieu populaire pour accéder à des perspectives, à un confort dont il rêve depuis de nombreuses années, dans cette Angleterre de l’immédiat après-guerre où tout est toujours très codifié – en termes de vêtements, de vocabulaire, d’accent…mais ce n’est pas le personnage froid et calculateur que j’imaginais.

Joe est surtout un personnage qui balance sans cesse entre deux femmes, sans qu’on ne sache vraiment (et lui non plus) où est le cœur et où est la raison. S’il agit parfois par intérêt, il a aussi une grande lucidité et des sentiments contrastés : sentiments amoureux, sentiment d’infériorité, mais aussi sentiment de culpabilité…ce qui le rend finalement assez attachant.

Bien qu’ « Une Chambre au Soleil » ait plus de soixante ans, il reste tout à fait moderne, tant sur le style que sur le contenu : histoires amoureuses, ascension sociale, lutte des classes… un grand plaisir de lecture ! 

Publié en Janvier 2022 au Typhon, traduit par Sarah Londin, 312 pages.

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