J’avais repéré « Friday Black » dès sa sortie, mais j’ai tardé à ouvrir ce recueil de nouvelles, et c’est à l’occasion du Festival America, et notamment un VLEEL où Nana Kwame Adjei-Brenyah est présent en compagnie de l’autrice de « 39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaiiennes en beuverie » que je l’ai enfin lu.
Le recueil commence en fanfare avec « Les 5 de Finkelstein », où la révolte gronde parmi les jeunes Noirs lorsqu’un père de famille blanc est acquitté après avoir tué à la tronçonneuse 5 enfants noirs devant une bibliothèque. Le texte est prenant, très fort (c’est à mes yeux le meilleur du recueil) et donne le ton de l’ouvrage : violence, racisme, manipulation génétique, consumérisme, puissance de notre inconscient, avec, dans certaines nouvelles, une facette dystopique… Nana Kwame Adjei-Brenyah souligne les dérives de notre société et appuie là où ça fait mal.
Toutes les nouvelles ne m’ont pas parlé de la même manière, mais l’auteur fait preuve d’une sacrée inventivité pour évoquer la déshumanisation de notre monde : magasin où les clients deviennent fou le jour des soldes, société où les parents choisissent les traits de personnalité de leurs enfants, parc d’attraction où les jeux sont détournés, hôpital au fonctionnement incompréhensible…
Une lecture très forte qui laisse dévoiler un auteur qui n’hésite pas à se saisir de sujets brûlants avec une grande imagination! A noter que Nana Kwame Adjei-Brenyah publiera son premier roman l’an prochain aux Etats-Unis !
Publié en Janvier 2021 chez Albin Michel (Terres d’Amérique), traduit par Stéphane Roques, 272 pages.