Le point de départ de « William » est la période de sept années, entre 1585 et 1592, ces « années perdues » où Shakespeare disparaît des radars de ses biographes.
Stéphanie Hochet traite effectivement le sujet, d’une manière qui m’a beaucoup plu, en mettant l’accent sur ce qui sera le tournant de la vie de Shakespeare, cette phase d’initiation qui va faire bifurquer son destin, et qui fait écho à un livre que j’ai beaucoup aimé, « Hamnet » de Maggie o’Farrell, mais elle ne s’arrête pas là.
Même si l’on sent qu’elle nourrit un véritable intérêt pour le dramaturge, c’est la façon dont elle l’utilise pour parler d’elle en pointillés que j’ai préférée dans ce livre, en reliant la vie de Shakespeare et la sienne : via la thématique de la fuite, du transfuge de classe, de la transgression , de la gémellité de l’androgynie, de l’homosexualité, du suicide … mais aussi comme levier pour l’ouverture de la boîte de Pandore : celui qui, via la personne de Richard Burbage, permet de déterrer la face sombre d’un foyer en apparence banal, à travers la figure ogresque d’un oncle sombre et malfaisant qui tient la famille sous son emprise, jusqu’à avoir droit de vie et de mort sur ses membres. La fin est glaçante.
Une première lecture réussie d’un livre de Stéphanie Hochet.
Publié en Août 2023 chez Rivages, 192 pages.