Claire Berest est une autrice que j’aime beaucoup, j’ai adoré le podcast de Bibliomaniacs auquel elle a participé, et je partage sa passion pour Frida Kahlo. J’étais donc curieuse de découvrir son nouveau roman, « L’épaisseur d’un cheveu ».
Le livre nous emmène à la rencontre d’un couple à bout de souffle. Etienne et Vive sont ensemble depuis dix ans. Il est correcteur dans une maison d’édition, psychorigide et routinier : le mardi, c’est concert classique, l’été c’est vacances en Italie. Elle est une photographe fantasque qui aime les vernissages et sorties entre amis. Tous deux n’étaient peut-être pas faits pour être ensemble mais après s’être connus enfants, ils se sont retrouvés au moment où Vive venait de se faire plaquer : sur un malentendu, cela peut marcher, durant dix ans, malgré une crise conjugale trois ans plus tôt.
Mais Vive s’agace sérieusement des petites manies et des défauts de son mari – au diable le concert du mardi, aux chiottes les vacances en Italie et la ponctualité militaire …
Je ne dévoile rien, on sait très vite que trois jours après le début de ce roman, Étienne est arrêté pour avoir tué sa femme. Et justement, c’est la facette du livre à laquelle j’ai le moins accroché. J’ai beaucoup aimé la description d’Etienne et Vive, j’ai trouvé que la plume de Claire Berest était pertinente et pleine d’humour, et très honnêtement, je me suis vraiment attachée à Etienne, homme décalé par rapport à notre société, qui voit tout ce qu’il a construit s’effondrer sous ses yeux : son mariage, sa carrière professionnelle …je l’ai trouvé touchant, avec ses principes et son côté intello-loser. Et avec Vive, qui est son opposé et qui le met face à ses marottes, son côté contrôlant et son manque d’initiative, en voulant s’émanciper d’une union qui l’étouffe, j’ai trouvé que Claire Berest avait créé deux excellents personnages pour une histoire tragi-comique.
C’est un avis très personnel, toute relation peut bien sûr devenir toxique et tourner au drame, mais dans le cas présent, je n’ai pas trouvé crédible cette histoire de féminicide, je trouve que ce passage à l’acte – malgré le pétage de plombs- ne colle pas à la personnalité d’Etienne. J’ai d’ailleurs trouvé les passages de l’interrogatoire très en deçà du reste du livre.
Un avis mitigé, donc, même si j’ai retrouvé avec grand plaisir la plume de Claire Berest.
Publié en Août 2023 chez Albin Michel, 240 pages.