Cela faisait une éternité (au moins quinze ans, je pense) que je n’avais pas lu de roman de Zeruya Shalev, jusqu’à ce que j’ouvre son dernier en date, « Stupeur ».
Stupeur raconte la rencontre entre deux femmes israéliennes très différentes, Rachel et Atara, mais reliées par un même homme. Rachel, désormais très âgée, a été la première épouse du père d’Atara, Mano, aujourd’hui décédé. Alors que l’Etat d’Israël n’existait pas encore, ils faisaient tous deux partie d’un mouvement de résistance juive contre les Britanniques. Un jour, Mano a quitté Rachel, et ne lui a plus jamais donné de nouvelles.
Atara, quant à elle, ignorait tout de la première épouse de son père, jusqu’à ce que celui-ci l’appelle Rachel sur son lit de mort. Elle décide alors de la retrouver et d’en savoir plus sur la première union de son père…
Je ne sais pas pourquoi, je m’attendais à lire un roman avec un fort contexte historique, notamment sur la période du mandat britannique. Cette époque est bien sûr évoquée en même temps que le couple formé par Rachel et Mano, mais « Stupeur » s’intéresse finalement beaucoup plus à la vie de couple et à la psychologie d’Atara, tandis que l’histoire de Rachel, et la relation entre les deux femmes, sont plus en retrait.. Cette architecte de près de cinquante ans a en effet une vie personnelle un peu chaotique, entre sa relation assez houleuse avec son conjoint Alex, et leur famille recomposée, puisqu’ils étaient mariés et parents chacun de leur côté lorsqu’ils se sont rencontrés.
J’ai donc été un peu décontenancée par ce que proposait Zeruya Shalev – un roman assez dense et bavard, avec très peu de dialogues, à forte teneur psychologique, qui décortique l’intime, entre émotions et sentiments – mais aussi par les tournants inattendus pris par le récit, à la fois lent et marqué par des rebondissements intenses. Pour autant, même si ce n’était pas le livre auquel je m’attendais, j’ai fini par me prendre au jeu, et à aimer cette histoire certes déstabilisante, mais aussi étonnante. Et curieusement, contrairement à certains livres que j’ai aimé lire mais dont je me souviens à peine quelques semaines plus tard, celui-ci me fait l’effet inverse : son souvenir est plus plaisant que ce que j’ai ressenti en le lisant.
Un roman qui me redonne envie de me plonger dans l’œuvre de l’autrice israélienne.
Publié chez Gallimard en Août 2023, traduit par Laurence Sendrowicz, 368 pages.