555 c’est le nombre de sonates pour clavecin écrites par Scarlatti qui ont été répertoriées. Grégoire Coblence en a-t-il découvert une 556eme? Cet ébéniste, quadragénaire qui ne se remet pas du départ de son épouse, a en effet trouvé une partition manuscrite dans la doublure de l’étui du violoncelle qu’il devait réparer. Avec son ami Giancarlo, luthier avec qui il partage un atelier, il demande l’avis de la grande concertiste Manig Terzian qui, après avoir joué l’œuvre, est convaincue d’être en présence d’une sonate inédite du célèbre compositeur italien. Et lorsque la partition disparaît, s’ajoutent à l’histoire, chacun avec une motivation qui lui est propre, un universitaire spécialiste de Scarlatti, un collectionneur féru de musique, et Alice, la petite-nièce de Manig Terzian, elle aussi interprète.
J’ai été ravie de découvrir un livre qui sort du schéma jusque là habituel des romans que j’ai déjà lus d’Hélène Gestern – pas de narratrice qui enquête sur des secrets de famille mais toute une série de personnages qui gravitent autour d’une mystérieuse partition, dans un univers où la musique est reine.
L’écriture de l’autrice est toujours aussi soignée, le livre est documenté sans pour autant en être pesant, et le suspense donne envie de tourner les pages, entre quête et faux-semblants.
Pour autant, l’équilibre du livre n’est pas évident à trouver, avec tous ces personnages, dont aucun n’est vraiment complètement sympathique, et il m’a semblé que l’autrice avait parfois un peu de mal à maîtriser l’intrigue et à la rendre complètement crédible. Il ne m’a pas été trop difficile de comprendre où elle voulait en venir bien avant la révélation finale.
J’ai trouvé l’ensemble inventif mais quand même un peu tiré par les cheveux, ce qui ne m’a pas empêchée de lire avec beaucoup de plaisir ce livre bien écrit et agréable à découvrir.
Publié en Janvier 2022 chez Arléa, 448 pages.