Ayant lu presque tous les livres d’Hélène Gestern, je ne pouvais passer à côté de celui qui vient de sortir : « Cézembre »
Yann de Kérambrun est professeur d’histoire à la Sorbonne. Il est en plein divorce, son fils étudie en Allemagne, sa carrière professionnelle ne le motive plus vraiment: au décès de son père, il part s’installer dans la magnifique villa que son arrière-grand-père Octave avait fait construire à Saint-Malo, en face de l’île de Cézembre. Il y découvre des cartons d’archives appartenant à Octave, célèbre pour avoir fondé l’entreprise Kérambrun, qui fabrique des moteurs de bateaux. Yann, qui ne s’est jamais vraiment intéressé ni à l’histoire familiale ni à l’entreprise, que son propre père a pourtant dirigée, se plonge alors dans ces documents du début du XXe siècle.
L’écriture est très belle et décrit magnifiquement bien Saint-Malo et la mystérieuse île de Cézembre. Surtout, c’est un livre qui prend son temps– il y a parfois des longueurs mais c’est finalement très agréable et un peu suranné qu’un roman de 2024 soit aussi lent, sans être foisonnant, ce qui nous donne le temps de découvrir les personnages, les informations des archives , les ambiances …
Le livre est très beau, très plaisant, avec une certaine subtilité, une pudeur dans les descriptions, les sentiments. Mais quand on a lu de nombreux romans d’Hélène Gestern, dont « L’odeur de la forêt » auquel l’intrigue de celui-ci fait d’ailleurs un clin d’œil, on ne peut s’empêcher de constater que c’est toujours le même schéma, toujours le même sillon que creuse l’autrice : un personnage solitaire suite à un événement douloureux est mis en présence de documents du passé – Il y a une enquête, des coïncidences, une rencontre fortuite, une histoire d’amour, des secrets de famille, un éclairage nouveau sur certains événements …
Je ne sais pas si l’autrice exploite une recette qui fonctionne ou si elle tourne autour de son propre secret de famille sans totalement s’y confronter mais heureusement qu’elle a beaucoup de talent sinon cela pourrait devenir lassant …
Publié chez Grasset en Mars 2024, 560 pages.