Dans « Toxic Berlin », premier roman de Calla Henkel qui se déroule en 2008, deux étudiantes américaines en art, Zoe et Hailey, se lient d’amitié à Berlin où elles sont en échange universitaire. Zoe est traumatisée par un crime non résolu, le meurtre de sa meilleure amie d’enfance Ivy. Les deux filles louent ensemble un appartement dont la propriétaire, Béatrice, une autrice célèbre, quitte Berlin pour une résidence d’écriture à Vienne.
Zoé et Hailey n’ont que peu de cours, et mènent une vie désœuvrée et terne. Elles ne connaissent pas beaucoup de monde, ne fréquentent pas les cercles artistiques, n’arrivent pas à entrer dans les clubs à la mode. Quand elles suspectent que Béatrice les espionne dans le but d’écrire son nouveau roman sur elles, cela les stimule pour lui donner de la matière pour son livre : elles décident de mettre leur vie en scène, sur les réseaux comme dans la réalité, et se lancent dans l’organisation de soirées clandestines dans l’appartement…
J’ai trouvé ce livre extrêmement addictif. Dès le début, on sait qu’un drame s’est produit. L’histoire nous est racontée par Zoé, la narratrice, mais qu’est-ce qui relève de la réalité, de la fiction, ou encore d’un cerveau malade ?
L’ombre de Béatrice (que j’imagine, vu la description, comme une sorte de Chantal Thomass) plane sur l’appartement, les filles sont fascinées par l’affaire Amanda Knox (une étudiante accusée d’avoir tué sa colocataire), le meurtre d’Ivy les obsède, et que dire du besoin de reconnaissance sociale de Hailey et de cette tendance chez Zoé à vouloir ressembler à ses amies (en se teignant les cheveux, en mettant leurs habits)?Il y a beaucoup de mystères, de mises en abîme, de faux-semblants dans ce livre.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance du Berlin underground, les descriptions de la personnalité des deux filles et de leur relation ambiguë , que j’ai trouvées très bien rendues- et l’intrigue, pleine de rebondissements, est surprenante jusqu’à la dernière page!
Une excellente surprise!
Publié en Septembre 2023 aux Arènes, traduit par Rémi Boiteux, 433 pages.