Après son enquête sur la fameuse « Famille », Suzanne Privat revient avec un deuxième livre sous forme de roman, « Toxiques ».
Constance est photographe scientifique et va depuis de nombreuses années à Miramas pour réaliser ses travaux documentaires. Par hasard, elle tombe sur un graffiti, « Lovana on t’a pas oubliée ». Intriguée par le message et par ce prénom rare, elle effectue une recherche sur internet et découvre un fait divers qui était passée complètement sous ses radars, le premier cas de cyber harcèlement en France, celui d’une adolescente qui s’essayait au rap sur YouTube…
L’histoire est inspirée de celle de la fameuse « Amandine du 38 », cette jeune fille un peu décalée qui postait des vidéos où elle rappait maladroitement, et qui, au lieu de récolter des réactions bon enfant, a été victime d’un torrent de haine, de menaces, d’incitations au suicide …que ce soit de manière virtuelle ou même dans la vraie vie, par des gens de son âge comme par des adultes, voire même des professionnels …
J’avais peur que l’autrice ait du mal à conjuguer roman et dénonciation de ces phénomènes atroces mais cela fonctionne bien, l’écriture est belle, il y a une certaine langueur dans les journées que passe Constance dans ce Sud qu’elle pensait connaître et dont elle découvre une sombre facette, qui est très bien décrite, a fortiori car ce fait divers fait écho à l’histoire personnelle de la jeune femme – même si l’aspect journalistique refait parfois surface.
En tout cas le livre atteint son but, dénoncer les dérives agressives et mortifères des réseaux, l’inconscience de ceux qui harcèlent, protégés par l’anonymat d’internet et par le laxisme judiciaire, et leurs conséquences terribles – allant jusqu’au suicide.
Un constat édifiant, qui ne peut que faire réagir.
Publié en Avril 2024 chez Les Avrils, 250 pages.