Quelques années après « Harlem Shuffle », Colson Whitehead revient avec « La Règle du Crime » (quel dommage de ne pas avoir conservé l’incroyable titre original, « Crook Manifesto »)
Comme le premier tome, ce volume s’articule autour de Ray Carney, fils de truand, cousin de truand, propriétaire d’un magasin de meubles ayant pignon sur rue à Harlem qui a longtemps dissimulé des activités de receleur. Mais cela fait de nombreuses années que le « fourgue » est rangé des voitures… jusqu’au jour où il se compromet de nouveau pour … obtenir des places de concert des Jackson Five pour sa fille.
Le livre est composé de trois parties, semblables à de grosses nouvelles, situées en 1971, 1973 puis 1976. Il y a quelque chose d’à la fois vif et nonchalant dans ce roman qui fait la part belle à la culture de l’époque, qu’elle soit musicale comme dans la première partie ou cinématographique comme dans la seconde qui se déroule sur un tournage d’un film de la Blaxploitation. Mais cela n’empêche pas Colson Whitehead d’aborder des thèmes graves : violence, mouvements des Black Panthers et du Black Liberation Army, corruption de la police et des politiciens, incendies criminels et arnaques à l’assurance provoquant la mort et la précarité de nombreux habitants de Harlem…
J’adorerais voir ces romans adaptés en série, tant l’atmosphère est cinématographique et les personnages, attachants, que ce soit Ray, bon père de famille plongé un peu malgré lui dans des histoires de voyous, ou encore Pepper, qui se retrouve sous les feux des projecteurs dans la deuxième histoire.
Il semblerait que Colson Whitehead ait prévu d’écrire une trilogie, hâte de retrouver cet univers riche, ces coulisses interlopes dans un troisième tome!
Publié en Septembre 2024 chez Albin Michel (Terres d’Amérique), traduit par Charles Recoursé, 464 pages.