Cela faisait un certain temps que je n’avais pas lu de livre d’Agnès Desarthe. Au début, j’ai cru que c’était un récit un brin nostalgique sur ses grands-parents, mais « Le Château des Rentiers » est bien plus que cela.
Le château des rentiers, c’est le nom de la rue dans laquelle les grands-parents maternels d’Agnès Desarthe habitaient. Un immeuble modeste, bien loin d’un château dans lequel ces gens bien loin d’être rentiers avaient acheté à 65 ans un appartement sur plan, mais dans lequel ils vivaient heureux et entourés de leurs voisins, des amis avec qui ils partageaient une histoire et une culture communes et où l’autrice avait plaisir à se rendre.
Pour ces gens qui avaient connu l’exil, la pauvreté, la guerre, la Shoah, le deuil, la vieillesse n’était pas un fardeau mais le bonheur d’être toujours là, malgré tout, et ils n’étaient pas des survivants, mais bien des sur-vivants: la mort n’était pas devant eux mais derrière eux.
Agnès Desarthe, qui est à la fois quinquagénaire mais mère d’un jeune enfant, se met alors en tête de créer un lieu où elle et ses amis pourraient vivre ensemble, une fois vieux. Ce projet est le fil conducteur de son livre, avec de courts témoignages de personnes âgées qu’elle a rencontrées, et aussi le moyen d’évoquer une histoire familiale lourde (son grand-père biologique est mort en déportation, sa mère a été enfant cachée … dans la Sarthe! Coïncidence du nom marital de l’autrice) mais dont elle a hérité une certaine joie de vivre et l’envie de profiter du moment présent …
Légitimité ou pas d’aborder le thème de la vieillesse et de la guerre – puisque la question se pose dans le livre – ce n’est finalement pas le cœur du récit mais plutôt une ode à la vie, à la communauté et à la transmission. Un très beau livre !
L’avez-vous lu ?
Publié en Août 2023 à L’Olivier, 224 pages.