Tout comme Samuel Tillerman, que j’ai chroniqué récemment, « Le Héron Bleu »est un roman jeunesse que je trouve mieux écrit, plus mûr et plus pertinent que nombres de romans pour adultes. C’est un livre qui m’a énormément marquée quand j’étais enfant, mais que je relis avec le même plaisir vingt ans après. Il n’a en rien perdu de sa beauté, et me parle toujours avec la même force.
La mère de Jeff quitte le foyer lorsqu’il a sept ans. Il se retrouve seul avec son père, un universitaire taciturne. C’est un enfant réservé, contemplatif, sans amis, qui s’occupe seul et gère la maison comme un adulte. Lorsqu’il revoit sa mère cinq ans plus tard le temps d’un été, il est subjugué par sa beauté, sa vivacité, sa luminosité. Mais il se rend vite compte qu’elle est également profiteuse, menteuse et égocentrique, et qu’il ne compte pas vraiment pour elle. Cette découverte le brise. Mais l’amour maladroit de son père et l’intervention du meilleur ami de celui-ci, un prêtre, ainsi que la découverte de la nature et de la guitare, l’aideront à s’ouvrir aux autres et à l’amitié.
Cynthia Voigt a un talent incroyable pour créer des personnages, et pour trouver le ton juste, les mots adéquats pour décrire leurs pensées et leurs sentiments. Encore une fois, elle sait distiller une douce tristesse dans ce roman d’initiation.Tout est parfaitement ciselé, et j’ai rarement vu un auteur parler aussi bien de la solitude. Solitude du père, homme intelligent et plein d’humour, dont la rencontre avec sa femme a illuminé sa vie- lumière qui s’est éteinte lorsqu’il a découvert son vrai visage. Solitude du fils, qui est traité dès le plus jeune âge comme un adulte, qui est abandonné et trahi par sa mère, et dont le père, pourtant aimant mais désemparé, ne sait pas vraiment s’en occuper.
L’amitié est également un thème cher à Cynthia Voigt: c’est l’amitié avec Frère Thomas qui permet au père, le Professeur, d’être épaulé dans l’éducation de son fils et de trouver des solutions lorsque Jeff perd pied. Tout comme l’amitié de Phil et Andy et de la famille Tillermann aide Jeff à prendre vraiment place dans la vie, au lieu de la regarder s’écouler.
Il est rare de lire un roman où les hommes sont aussi présents dans l’éducation des enfants. Melody la mère est inconséquente et ne se préoccupe de son fils que lorsqu’il peut lui rapporter quelque chose. Le père est maladroit, parfois négligent sans le vouloir, il a du mal à surmonter son chagrin et sa solitude pour être pleinement attentif à son enfant, mais aidé par son meilleur ami, homme fin et plein de bon sens, il reprend goût à la vie et arrive à construire une relation de confiance et de respect avec Jeff, et à être un excellent père pour lui.
Ce livre est absolument magnifique, tant par l’histoire qu’il raconte, que par le style et par l’incarnation des personnages. C’est un roman que je porte en moi, un roman qui a accompagné mon passage de l’adolescent à l’adulte.
C’est une nouvelle contribution, après Samuel Tillerman, au « Mélange des Genres » de Miss Léo, dans la catégorie roman jeunesse.
Chouette, encore un Tillerman ! 🙂
c'est un bon filon, ils sont tous bons 🙂 mais le Héron Bleu et Samuel Tillerman sont de vrais petits chefs d'oeuvre
Je confirme !
Je note !
Oui oui oui!
Je devrai pouvoir le trouver facilement à la médiathèque, c'est un titre dont je n'avais entendu parler.
C est la série "Tillerman" de Cynthia Voigt, dans toutes les bonnes médiathèques 🙂