Hervé le Corre est un auteur que je ne connaissais pas jusqu’à ce qu’un lecteur du blog, Arto – merci à lui! – me le conseille, et notamment « Après la Guerre », un livre que je me suis empressée d’offrir à mon père…et de lui emprunter (j’ai quand même attendu qu’il l’ait fini!)
Jean Delbos est de retour à Bordeaux, sous une fausse identité, après une dizaine d’années passées à Paris. Tout le monde le pense mort, mais il a survécu à la déportation à Auschwitz, ce qui n’est pas le cas de sa femme Olga. Jean est bien décidé à se venger de celui qui les aurait dénoncés, son ancien ami le commissaire Darlac, flic ripou et collabo qui a su retourner sa veste au bon moment. Daniel, le fils de Jean et Olga, qui était enfant au moment de la rafle, a été recueilli par des amis du couple. Il a aujourd’hui vingt ans et s’apprête à partir au combat en Algérie…
« Après la Guerre » est un roman noir qui met en scène un duel dans le Bordeaux des années 50, encore marqué par les stigmates de l’Occupation. Jean Delbos et le commissaire Darlac jouent au chat et à la souris dans des milieux interlopes où évoluent d’anciens collabos, des truands, des macs et des prostituées. Pas de manichéisme dans ce roman : Jean Delbos n’avait rien d’un saint, c’était un magouilleur aux mauvaises fréquentations et un mari absent et volage, qui avait une confiance aveugle en son ami Darlac qui le protégerait en cas de rafle…
Mais si le livre se situe après la seconde guerre mondiale, la guerre est toujours bien présente, avec l’Algérie où va être envoyé Daniel. Le récit alterne entre l’histoire de Jean et celle de son fils qui découvre l’horreur des combats, avec des épisodes qui m’ont rappelé « La Blessure », le livre de Jean-Baptiste Naudet qui a été l’un de mes coups de cœur de 2018.
Le livre est prenant, l’écriture est très belle, les situations sont noires, sanglantes et glauques. Hervé le Corre a su trouver le bon équilibre entre les chapitres bordelais et les chapitres algériens et créer des personnages attachants, entre Daniel confronté à la réalité des combats et son père qui est à la fois animé par l’esprit de vengeance et bourrelé de remords de n’avoir pas su protéger sa femme.
Voilà une première rencontre réussie avec l’univers d’Hervé le Corre : au vu de la qualité de ce roman, nul doute que j’en lirai d’autres !
Publié en 2014 aux éditions Rivages, 523 pages, disponible en poche chez Rivages/Noir.
Je l’ai acheté également pour l’offrir, à mon compagnon, après que nous ayons assisté à un entretien de l’auteur sur un salon (très très intéressant). il l’a il y a plusieurs mois, et aimé, et suite à ton avis, je trépigne d’avance à l’idée de le lire à mon tour ! Son dernier titre, Dans l’ombre du brasier, est très bien aussi..
c’est vraiment un auteur dont j’ai envie d’explorer l’oeuvre !
Je suis bien content que tu aies aimé ce livre Eva.
J’ai lu « Prendre les loups pour des chiens » de ce même Le Corre, qui est très bien mais qui n’a pas la force de « Après la guerre ».
Il y a des livres passionnants sur l’Après-guerre comme « L’Europe barbare » de Keith Lowe qui décrit une Europe livrée jusqu’en 1950 à l’anarchie et au chaos.
Dans « La peau » de Malaparte, les soldats américains se voient proposer des fillettes en échange de tablettes de chocolat dans une ville de Naples confrontée à la famine.
Dans « Une femme à Berlin », la narratrice décrit les conditions de vie des Berlinois et surtout des Berlinoises à l’arrivée des Russes où toutes les femmes sont systématiquement violées.
Bref, pas très gai tout ça.
J’ai emporté pour mes lectures de vacances des livres que tu m’as fait découvrir et je t’en remercie ; je lis en ce moment « Miniaturiste » que j’aime beaucoup ; j’ai prévu de lire « Celui qui va vers elle ne revient pas » que tu as classé dans tes coups de cœur : je suis donc très impatient ; mais aussi « Ermite dans la taïga » de Vassili Peskov et « Le lambeau » de Philippe Lançon.
J’offre beaucoup « Dans la forêt » de Jean Hegland que j’ai découvert sur ton blog et que j’ai adoré ; j’ai un faible pour les dystopies.
Tiens, à propos de Jean Hegland, une information qui pourrait t’intéresser : le Monde organise dans le cadre du Monde Festival une rencontre avec Jean Hegland (entre autres) sur « Comment vivre dans un monde effondré » le dimanche 6 octobre 2019 à l’Opéra Bastille (Amphithéâtre).
Si j’étais Parisien j’y volerais mais je ne suis que Lyonnais.
Il est fortement conseillé de réserver sa place.
Bonnes vacances et excellentes lectures !
Merci beaucoup Arto pour ce bon conseil 🙂 je suis ravie d’avoir pu te faire découvrir quelques ouvrages, et je note ceux que tu mentionnes ici (j’ai déjà lu Une Femme à Berlin) : je ne connaissais pas du tout Ermite dans la Taïga, qui me dit bien, et j’ai prévu de lire Le Lambeau depuis sa sortie!
Merci pour l’info sur Jean Hegland, j’avais eu l’occasion de la voir en conférence au Festival America et de la rencontrer ensuite en dédicace…
Excellentes vacances et lectures à toi également !
Il faudrait vraiment que j’arrive à caser cette lecture… Le thème m’intéresse, j’avais lu pas mal d’avis impressionnants au moment de sa parution et tu me le remets en mémoire… Là je suis un peu engluée mais je vais le noter cette fois 🙂
avec les 68 premières fois, ce n’est pas la meilleure période 😀
J’ai commencé à lire Hervé Le Corre avec Après la guerre, Prendre les loups pour des chiens, puis récemment je me suis procuré Les cœurs déchiquetés un roman noir, très noir, qui se déroule dans la région bordelaise et le dernier paru Dans l’ombre du brasier attend dans ma pile de l’été . Un auteur passionnant qui sait renouveler ses thèmes, mais pas très optimiste sur la nature humaine…
j’ai vraiment envie d’en lire d’autres…!
je n’ai jamais lu cet auteur, tu me tentes !
et je te le recommande chaudement !
J’ai lu deux de ses romans et chaque fois j’ai adoré son écriture !
ça ne m’étonne pas !