Les « Six Jours » du titre du roman de Ryan Gattis n’ont rien à voir avec la guerre de 1967 mais sont ceux qui secouèrent Los Angeles en 1992 à la suite de l’acquittement des quatre policiers responsables du passage à tabac de Rodney King. Pendant ces six jours d’émeutes : une cinquantaine de morts, deux mille blessés, plus de mille bâtiments détruits par les flammes et près d’un milliard de dollars de dégâts matériels. Cependant ce n’est pas de l’affaire Rodney King dont nous parle Ryan Gattis mais de règlements de compte entre gangs hispaniques de Los Angeles.
Il faut vraiment s’accrocher car le premier chapitre, qui raconte la mort effroyable d’Ernesto, est vraiment très violent. Le reste du roman raconte certes des épisodes violents, mais de façon beaucoup moins graphique. Ryan Gattis nous dépeint un microcosme,qui s’organise sur quelques rues, avec ses membres de gangs, quelques voisins et leurs interactions. Qu’ils soient dans les gangs ou pas, tous se connaissent depuis de nombreuses années, car ils sont allés à l’école ensemble ou parce que le cousin de l’un est allié, ou ennemi du frère de l’autre, à moins qu’il soit en couple avec la soeur d’un troisième. La moyenne d’âge est très basse, la plupart des protagonistes n’a même pas vingt ans mais a déjà beaucoup vécu. Malgré l’univers violent dans lequel ils évoluent, certains sont attachants, notamment parce qu’ils ont des liens familiaux forts, des rêves, des projets.
« Six Jours » de Ryan Gattis est un roman passionnant, qui nous entraîne de personnages en personnages (un peu trop d’ailleurs, j’avais parfois tendance à me mélanger les pinceaux entre les différents membres de gangs, dommage qu’il n’y ait pas de schéma) dans une histoire rythmée et sans temps morts. Amour, haine, vengeances, assassinats, organisation, et aussi des gens simples, qui ne font pas partie de gangs qui essayent de faire leur vie et de s’en sortir du mieux qu’ils peuvent. La langue est truffée de mots hispaniques et d’argot de gang et j’aurais adoré lire ce texte en V.O. mais le livre reste très accessible. Une belle découverte.
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Publié le 2 Septembre 2015 aux Editions Fayard, traduit par Nicolas Richard, 432 pages.
24e participation au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2015…et 4e % atteint !
Une de mes plus belles lectures de la rentrée. Il y a tout ce que j'aime dans ce roman américain !
j'évite les trucs archi violents en ce moment (enfin souvent mais là encore plus que d'habitude), mais j'ai lu vraiment de beaux billets sur ce roman.
Exactement pareil que Galea !
J'étais très tentée au départ, mais tous ces avis qui soulignent la violence du texte finissent par me faire hésiter.
@ Tant qu'il y aura des livres : c'est surtout le 1er chapitre, le reste est violent mais pas insoutenable
@ Galea et Delphine : c' est effectivement violent, mais comme c'est très diffèrent de ce que nous avons pu vivre ça passe plus facilement
@Jérôme : pas étonnée 🙂
Ah! Il paraît enfin en poche au mois d’août. Je vais me précipiter.
je te rappelle que tu as 71 nouveaux livres à lire 😉