Le don empoisonné de la folie – Lucia Etxebarria

J’ai lu plusieurs romans de Lucia Etxebarria quand j’étais plus jeune. Tous ne m’avaient pas plu mais j’avais beaucoup aimé « Un miracle en équilibre ». J’ai donc voulu tenter sa dernière parution, « Le don empoisonné de la folie », qui n’est pas un roman mais un récit autobiographique.

Contrairement aux autres livres de l’auteure, « Le don empoisonné de la folie » a été écrit en français et non en espagnol. Lucia Etxebarria s’en explique en disant que le père de sa fille avait essayé de lui en retirer la garde en invoquant des mœurs dissolues. Elle a donc préféré écrire en français pour que le livre ne paraisse pas en Espagne et ne lui cause pas de torts. D’après le synopsis du livre, je pensais que « Le don empoisonné de la folie » traitait du statut de « zèbre » de Lucia Etxebarria, c’est-à-dire de sa précocité intellectuelle et de son hypersensibilité.

Alors oui, ce thème est effectivement abordé à plusieurs reprises, mais c’est surtout de la vie sentimentale et sexuelle de Lucia Etxebarria qu’il s’agit, durant ces trois ou quatre dernières années. Des relations plus ou moins longues, avec des hommes ou des femmes, et plus ou moins mouvementées, racontées de façon plus ou moins crue. Le tout raconté avec peu de filtre et de pudeur, mais beaucoup d’analyse, plus ou moins pertinente.

Aucune relation n’est vraiment satisfaisante : quand ce n’est pas l’homme (ou la femme) qui ne sait pas ce qu’il veut, qui est déjà en couple, qui est déséquilibré, c’est Lucia qui fait des crises d’angoisse ou des crises de jalousie, le tout entre drogue, consommation excessive d’alcool et périodes de dépression. Des histoires qui semblent se répéter, avec des hommes qui finissent par tous se ressembler et surtout à ressembler au père, un homme froid et distant qui ne semble pas lui avoir donné beaucoup d’amour.

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Lucia Etxebarria

Même si elle mentionne régulièrement qu’elle a été très très belle (mais qu’elle ne l’est plus) et qu’elle est très intelligente et passionnante, ce qui peut à la longue devenir agaçant, l’auteure a quelque chose d’attachant, dynamique et pétillant, et surtout très sincère, avec une dose d’humour qui fait que j’ai lu ce récit sans déplaisir. J’avais un peu l’impression d’avoir affaire à la logorrhée d’une copine bourrée qui déroule toute sa vie intime d’une traite, et avec force détails. Bon, comme je ne connais pas personnellement Lucia Etxebarria et que je ne sais pas qui se cache derrière « l’homme à la moto orange » ou « la femme aux yeux bleus », c’est moins intéressant – mais comme je ne la connais pas personnellement, c’est aussi moins gênant. Et puis j’ai appris quelques potins surprenants au détour d’une phrase (Amélie Nothomb? nooooon – et non, je ne vous dirai rien, il faudra lire ce livre pour savoir de quoi je parle…ou alors vous procurer la version numérique et faire une recherche sur le texte). Pas sûre cependant que les amants évoqués soient ravis ravis de voir exposés leur grande consommation de coke et leurs petits mensonges, même cachés derrière leur description en périphrase.

Ce texte assez décousu a sans doute eu un effet libérateur et cathartique sur son auteure, quant à moi j’ai plutôt passé un bon moment en le lisant, la plume de Lucia Etxebarria étant enlevée et le rythme trépidant, avec quand même plus d’orgasmes que d’épisodes dépressifs. Pas un grand moment littéraire, mais au moins je ne me suis pas ennuyée, c’est déjà ça.

Publié en Janvier 2017 chez Mazarine, 324 pages.

5e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2017.

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