Alma : le vent se lève – Timothée de Fombelle

Je n’avais encore jamais lu de livre jeunesse de Timothée de Fombelle, découvert seulement via son livre pour adulte « Neverland » auquel je n’avais pas vraiment accroché. « Alma: le vent se lève » est donc ma première incursion dans le genre qui a rendu célèbre cet auteur sur le plan international, et c’est un roman dont Claire et moi vous parlons dans l’émission 99 spéciale jeunesse du podcast littéraire Bibliomaniacs.

J’ai d’abord entendu parler d' »Alma » car ce roman a été au cœur d’une polémique puisque l’éditeur américain a refusé de le publier, trouvant déplacé qu’un auteur français blanc écrive sur l’esclavagisme à travers le personnage d’une petite Africaine. Je pensais donc que le livre racontait l’histoire d’une enfant africaine devenue esclave aux Etats-Unis et j’ai été surprise en découvrant qu’il y avait en fait trois personnages principaux et trois intrigues dans ce roman, qui est le premier tome d’une trilogie. 

Alma, ses deux frères et leurs parents vivent en Afrique, dans une vallée isolée, une sorte de jardin d’Eden où ils mènent une vie douce et protégée, jusqu’au jour où le petit frère, Lam, s’enfuit de la vallée pour découvrir le monde. Alma se lance alors à sa poursuite… On découvre ensuite Joseph, un garçon de quatorze ans qui, après une scène d’anthologie, embarque sur le navire du capitaine Gardel. Puis nous faisons la connaissance, dans sa demeure de la Rochelle, d’Amélie, fille de l’armateur de Bassac, qui surprend une conversation entre son père et le comptable…

Trois intrigues, trois lieux, trois personnages – très différents mais qui ont sensiblement le même âge et chacun un caractère bien trempé –  dont on pressent qu’ils font finir par se croiser et former ensemble un puzzle lié à l’esclavage (Alma représente les esclaves, Joseph la logistique, Amélie l’économie). Il y a dans ce premier tome nombre de surprises et de rebondissements et il est évident que Timothée de Fombelle a fourni un travail conséquent pour faire des recherches sur le contexte historique et économique du commerce triangulaire, pour créer de nombreux personnages sans aucun manichéisme, et pour mettre en place une intrigue riche et fouillée. 

Si ce livre est plutôt destiné aux adolescents – fin de collège et lycée – il conviendra également parfaitement à des lecteurs adultes car l’histoire est dense et complexe. L’auteur écrit extrêmement bien – et il excelle notamment à créer des espaces clos – la bulle enchantée de la vallée, le navire, la demeure de Bassac – avec à chaque fois une ambiance et un style différents. Les personnages sont riches, très bien incarnés, et possèdent chacun une part d’ombre et de mystère. Beaucoup de portes sont ouvertes dans l’intrigue de ce premier tome : certaines se referment à la fin, mais la dernière scène est pleine de promesses, et donne vraiment envie de lire le tome suivant et de découvrir comment cette histoire va prendre de l’ampleur dans le cadre d’une trilogie. 

Un très beau roman, porté par des personnages épris de liberté, à lire absolument ! 

Publié en Juin 2020 chez Gallimard Jeunesse, illustré par François Place, 400 pages.

A découvrir dans le cadre de l’émission 99 spéciale jeunesse du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.

10 commentaires sur “Alma : le vent se lève – Timothée de Fombelle

  1. on m’en a déjà dit que du bien et je ne suis pas étonnée ! J’adore cet auteur, pour Perle je me suis fait les mêmes remarques : un public adulte pouvait le lire, sans doute mieux que des collégiens. J’ai adoré Vango également !

    1. oui, comme le livre est dense, et qu’il y a des ramifications complexe, je pense que les adultes l’appréhenderont peut-être mieux que des ados, même si les personnages sont de l’âge du lectorat cible !

  2. Je ne l’ai pas encore lu mais il est dans ma PAL. Ma fille l’a déjà lu et a beaucoup aimé, même si j’aurai préféré le lire avant elle pour en parler et répondre à ses questions… Il fait partie de la sélection 6ème-5ème d’un prix littéraire jeunesse organisé par la librairie Gwalarn. Penses-tu que c’est trop jeune ?

    1. oui, je trouve ça un peu jeune, ou alors c’est vraiment pour de très bons lecteurs de 6e/5e… je verrais plus ce livre pour des jeunes de 15-16 ans car il y a plusieurs intrigues, beaucoup de détails…

  3. N’hésitez pas à lire le « classique » (sorti en 2006-2007) « Tobie Lolness », qui semble plus métaphorique que ne l’est cet « Alma » réaliste.
    (s) ta d loi du cine, « squatter » » chez dasola

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