Le Juif arabe – Asaf Hanuka

J’aime beaucoup le travail d’Asaf Hanuka, que j’ai découvert il y a quelques années avec « KO à Tel Aviv ».

« Le Juif arabe » se déroule en 2001. Tout juste revenu de France, où il a fait ses études, Asaf réintègre sa chambre d’adolescent chez ses parents, et peine à se réinsérer en Israël, que ce soit dans la vie professionnelle comme au sein de sa propre famille. Un peu par hasard, il entend parler d’une affaire bien mystérieuse : le meurtre de son arrière-grand-père Abraham. Cet homme à la forte personnalité, parfois violent, et dont la famille vivait à Tibériade depuis plusieurs siècles, avait recueilli un jeune orphelin, Sayed, renommé Ben-Tsion, qui était devenu son employé – mais avec qui il entretenait un lien quasiment filial.


La bande dessinée alterne les pages en noir et blanc, pour les moments se passant en 2001, et les pages en couleur pour la période 1929-1936 où le drame couve : alors que l’arrivée des Juifs européens s’intensifie, la colère des Arabes s’exprime, jusqu’à la grande révolte arabe en 1936. Mais est-ce vraiment ce jeune orphelin qui a tué Abraham ?

Asaf Hanuka explore une nouvelle fois son histoire familiale – avec laquelle il se reconnecte dans cette période de doute – , mais aussi l’identité du Juif arabe, deux termes que l’on oppose souvent alors que dans cette histoire, malgré des religions différentes, tout le monde est arabe, Abraham comme Sayed / Ben-Tsion. Et tous deux vont être pris dans la tourmente de l’Histoire – le début des tensions entre nationalisme palestinien et mouvement sioniste, sous mandat britannique. Les identités sont floues, mouvantes, comme dans cette photo reproduite sur la couverture où entre l’habillement, et la posture, difficile de dire qui est qui et quel est leur lien.

Encore une très belle bande dessinée d’Asaf Hanuka, entre enquête familiale et questionnement identitaire.

Publié chez Steinkis, traduction Rosie Pinhas-Delpuech.

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