Là où les lumières se perdent – David Joy

Il est toujours sympathique de lire le roman d’un auteur que l’on a déjà croisé et c’est le cas avec « Là où les lumières se perdent » de David Joy, avec lequel j’avais eu l’occasion de discuter quelques minutes au Festival America : l’écriture n’est d’ailleurs pas son seul talent puisqu’il était occupé à dessiner un magnifique poisson!

David Joy
David Joy dessinant son poisson au Festival America

« Là où se perdent les lumières » est donc le premier roman de cet auteur américain, un livre publié aux éditions Sonatine, qui me déçoivent rarement (avec un coup de cœur pour ma dernière lecture : « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit »). Jacob McNeely mène une vie rude. Il a quitté l’école avant la fin du lycée et tente de se construire comme il le peut aux côtés de son père Charlie, baron de la drogue local,  qui blanchit l’argent sale en tenant un garage, et qui souhaite impliquer de plus en plus son fils dans ses affaires. La mère de Jacob, quant à elle, est une junkie complètement détruite par la meth qui vivote dans une cabane. La seule lueur d’espoir dans la vie de Jacob est son ancienne petite amie, Maggie, qu’il connait depuis l’enfance. Celle-ci vient de finir le lycée et souhaite aller étudier dans une université à l’autre bout de l’état.  Jacob est toujours amoureux d’elle et songe à l’accompagner, l’opportunité de laisser derrière lui cette vie de violence pour se reconstruire loin d’une ville où McNeely est un nom de gangster. Le père de Jacob demande un jour à celui-ci d’aller aider ses hommes de main dans un règlement de comptes. Mais Jacob se retrouve embourbé dans une affaire qui dérape complètement…

J’ai beaucoup aimé ce roman court et prenant. L’histoire en elle-même n’est pas très originale, David Joy jouant avec tous les codes du genre : le père salaud, la mère complètement à la masse, le fils à la croisée des chemins qui hésite entre une vie violente auprès de son père ou la fuite pour une vie stable avec sa petite amie, la petite amie trop bien pour le patelin local et qui veut prendre sa vie en main, le flic ripoux mais pas trop… Pourtant, cela fonctionne très bien, et on se retrouve plongé avec Jacob dans un monde de violence où les parents sont tout sauf des exemples positifs. Les descriptions de David Joy sont très graphiques – parfois même un peu trop, certaines scènes sont vraiment brutales.

On sait dès le départ que les chances sont très minces pour que Jacob échappe à son destin. Trop de noirceur, vraiment peu d’espoir. On est dans l’Amérique profonde, où le comble du chic semble être de porter un costume « Jos A Bank » – la marque, que je ne connaissais pas, revenant à plusieurs reprises dans le récit – et où la seule façon de mener une vie à peu près décente est d’être un born again christian comme le père de Maggie. Jacob manque un peu de personnalité et de réflexion à mon goût mais difficile de ne pas s’attacher à ce jeune homme qui rue de manière désespérée pour ne pas suivre le chemin tout tracé par son père.

« Là où les lumières se perdent » de David Joy n’est pas exempt de défauts, il y a quelques maladresses et quelques facilités (notamment la scène de l’hôpital, ou encore le rôle du policier) mais c’est un roman prenant que j’ai dévoré, et dont la fin – à laquelle je ne m’attendais pas – m’a surprise et m’a beaucoup plu. Un premier roman très prometteur et un auteur à découvrir ! 

Publié en Août 2016 aux éditions Sonatine, traduit par Fabrice Pointeau, 300 pages.

27e lecture de la Rentrée Littéraire 2016.

challenge

20 commentaires sur “Là où les lumières se perdent – David Joy

  1. Je me souvenais des bémols de Jérôme et il les confirme, mais toi tu les vois comme des « petites maladresses » donc moi qui ai toujours eu envie de le lire, je le garde sous le coude – ton avis confirme (je vais voir s’il est arrivé à la BM)

    merci !

  2. Très très fan aussi des éditions Sonatine et j’avais noté ce titre dès sa sortie! Comme ma bibliothèque suit assez bien cet éditeur, j’attendrai de l’emprunter mais ton avis me donne vraiment envie!

  3. J’ai moyennement été emballée. Ça manque d’espoir, de lumière au bout du tunnel tout ça. A se focaliser complètement sur Jacob, l’auteur en oublie d’élargir la réflexion et d’ouvrir les horizons. Ca aurait pu être top pourtant, la plume était là.

  4. Lecture terminée et… très emballée! Mon billet paraît demain. En fait, j’ai fermé les yeux sur les quelques facilités et maladresses. Pour un premier roman, c’est hautement réussi. J’ai lu des troisième et quatrième romans beaucoup moins bien foutus que ça!
    Bref, je suis fan et… c’est grâce à toi!

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