J’ai lu « Le Garçon Incassable » de Florence Seyvos dans le cadre du Prix ELLE, il était en lice dans la catégorie document pour le mois de Décembre, mais c’est « Passion Arabe » de Gilles Kepel qui a été choisi par le jury.
Malgré ses difficultés, il cherche à conquérir une certaine indépendance, travailler dans un CAT de manière très consciencieuse, quitter la maison pour vivre en foyer. Il n’est pas non plus toujours très aimable avec sa famille dans son désir d’émancipation, et, un peu comme un adolescent, peut être un brin désagréable avec la narratrice ou sa mère.
« Chère soeur, est-ce que tu peux dire à maman qu’elle arrête de m’appeler, ça me fera très plaisir, sinon j’envoie quelqu’un d’autre, et je n’ai pas une tête à rigoler, j’espère que je me fais bien comprendre »
J’ai aimé que la plume de Florence Seyvos ne soit jamais condescendante ou apitoyée au sujet d’Henri. Elle est parfois inquiète « souvent j’ai peur qu’il se perde encore,. J’ai peur que quelqu’un le bouscule. J’ai peur qu’il tombe en descendant du bus. J’ai peur qu’on le brutalise », parfois un peu agacée également par ce frère qui a un système de pensée différent, une logique parfois étrange, mais toujours tendre, et transmet très bien ce mélange d’émotions que l’on peut avoir face à un membre de sa famille dont on sait qu’il ne pourra jamais être complètement autonome, malgré tous ses efforts, et pour lequel, où qu’il soit, on éprouvera toujours de l’inquiétude et la sensation qu’il faudra être toujours là pour lui. Car Henri a parfois des lubies qui donnent lieu à des anecdotes tragi-comiques, comme lorsqu’il renverse sciemment à vélo une vieille dame qui ne traversait pas sur le passage clouté!J’ai trouvé le « Garçon Incassable » fin, tendre, le beau témoignage d’une différence acceptée et intégrée dans une famille malgré les difficultés. J’ai cependant été surprise par l’absence de lien entre Henri et Buster Keaton, à part peut-être ce rapport au corps qui n’est pas ordinaire, Buster Keaton par son incroyable résilience physique et Henri par son handicap, mais le mélange de ces deux histoires ne m’a pas dérangée plus que cela, même s’il m’a rendue perplexe. J’ai même soupçonné que l’auteur avait dans le passé voulu écrire sur Buster Keaton, sans aller au bout de sa démarche, et avait recyclé quelques chapitres déjà écrits pour enrichir son projet suivant.
Le seul bémol que je mettrais concerne les passages où l’on passe à une narration à la troisième personne – deux chapitres à Hollywood, et l’épisode final, un brin hystérique, lors de l’accouchement de la narratrice souhaitant que son petit garçon « puisse être incassable », qui tombent comme un cheveu sur la soupe, et n’apportent rien à ce beau récit, tendre et marquant, qui n’avait pas besoin de ce genre d’ajout un peu superficiel.
J'avais envie de le lire mais finalement, plus du tout.
c'est le billet qui t'a fait changer d'avis, ou c'est qu'après "Tu danses Lou", tu en as marre des histoires d'enfants handicapés?
Rien à rajouter, je pense exactement comme toi…un beau récit mais la fin est vraiment discordante et le lien avec BK moyennement clair…c'est étrange parce que les blogueurs qui l'ont lu hors du prix Elle sont beaucoup plus emballés que nous
peut-être que comme on est "obligé" de le lire, on est moins indulgent?
Je t'ai taguée! 😉
Bof bof, voilà qui ne me tente pas trop même si la construction semble originale ! Bon we à toi 🙂
Je ne parviens pas à me souvenir où j'ai lu qu'un journaliste (peut-être Pierre Assouline mais pas sûr) considérait ce livre comme le meilleur de l'année…
moi je mets Le Quatrième Mur et Confiteor très très loin devant 🙂