« La Femme de Gilles » de Madeleine Bourdouxhe est un roman belge qui a été publié en 1937, avant d’être adapté au cinéma il y a une dizaine d’années avec Emmanuelle Devos dans le rôle titre. C’est un livre qui est à l’affiche de l’émission d’Avril de notre podcast littéraire Bibliomaniacs.
Elisa est, comme le titre l’indique, la femme de Gilles. Elle est mère au foyer dans une petite ville industrielle du Nord de la France ou de Belgique. Rien n’indique vraiment à quelle période se passe le roman, mais on peut supposer que l’intrigue est contemporaine de l’écriture de ce livre et se déroule donc dans les années 30. Elisa est très amoureuse de son mari Gilles, et toute sa vie tourne autour de lui. Rien ne la remplit plus de joie que quand Gilles revient de son travail d’ouvrier à l’usine locale. Un jour, Elisa comprend que son mari entretient une liaison avec sa jeune soeur, Victorine. Tout s’écroule autour d’elle. Cependant, afin de préserver son couple, et dans l’espoir que Gilles lui revienne, Elisa décide de ne rien dire et d’attendre que cette histoire prenne fin…
« La Femme de Gilles » a été pour moi une très belle surprise. Ce n’est pas un roman vers lequel je serais allée spontanément, mais j’ai été séduite par l’écriture subtile et tout en pudeur de Madeleine Bourdouxhe. Sous une apparente simplicité, le récit a une belle densité et une grande finesse psychologique. J’ai éprouvé de l’empathie pour Elisa, cette jeune femme dont le bonheur vole en éclats, et qui prend sur elle en espérant qu’avec le temps son mari reviendra à la raison et oubliera Victorine. Elle a en effet compris que si Gilles est amoureux, Victorine est une jeune femme volage, qui teste son pouvoir de séduction sur son beau-frère. On suit les peines, les doutes, les espoirs, les déceptions d’Elisa qui tente de faire bonne figure et de préserver sa famille, qui n’a personne à qui se confier, d’autant plus que « l’autre femme » est sa propre sœur.
Il n’y a pas de pathos dans ce livre, Elisa est une jeune femme courageuse et on espère avec elle que Gilles oubliera Victorine et se rendra compte de sa folie pour revenir vers son épouse. Ce n’est pas une femme moderne au sens où on l’entend aujourd’hui – elle ne travaille pas, ne vit que pour son mari…- et pourtant elle est loin d’être passive, et va jusqu’au bout de son choix.
« La Femme de Gilles » est un court roman, mais vraiment bien construit et bien mené. J’ai néanmoins été un peu déçue de la fin proposée par Madeleine Bourdouxhe que j’ai trouvée un peu facile et pas très vraisemblable…cette petite déception n’a cependant pas entaché mon plaisir de lecture et la belle surprise qu’a été ce roman pour moi. Et je ne peux que vous recommander ce livre belge publié il y a 80 ans, et qui n’est pas assez connu à mon goût…
Publié en 1937, disponible chez Actes Sud (Babel), 154 pages.
80 ans mine de rien .. la fin t’a déçue ? mais elle correspond peut-être à la morale de cette époque. J’avais reconnu Emmanuelle Devos sur la couverture, ça a titillé ma curiosité ! Je passe mon chemin car ce n’est pas le genre d’histoire qui m’attire.
à la base ce n’est pas non plus le genre d’histoire qui m’attire, mais j’ai été charmée…disons que je ne m’attendais pas du tout à cette fin, mais j’en ai discuté avec plusieurs personnes qui ont lu le livre et qui la trouvaient pertinente, comme quoi…
Ce livre <3 Lu à l'école (et oui en Belgique, il est au programme scolaire et c'est tant mieux!) Je l'ai lu et relu. Je suis heureuse de voir ce classique ici 🙂
je ne connaissais pas du tout cette auteure, mais je suis ravie d’apprendre qu’elle est mise en avant, et au programme scolaire en Belgique! 🙂
Dans le film elle est tragique (la fin) … Joli film qui donnait envie de lire le livre
je ne sais pas si l’adaptation est fidèle au livre, mais ici aussi la fin est tragique…