Même si j’avais repéré « Pietra Viva », je n’avais pas encore eu l’occasion de lire de romans de Leonor de Recondo, mais son passage à La Grande Librairie m’a vraiment donné envie de franchir le pas avec « Amours ».
Dans une maison bourgeoise, en 1908, une jeune bonne de dix-sept ans, Céleste, est violée par le maître des lieux, Anselme, un notaire. Anselme est marié avec Victoire depuis quelques années mais le couple n’a pas d’enfant. Alors, quand Céleste tombe enceinte, Victoire récupère le bébé, mais n’arrive pas à s’en occuper. Les deux femmes vont se rapprocher pour sauver l’enfant du dépérissement, et découvrir ensemble ce qu’est l’amour.
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Leonor de Recondo |
Ce roman aurait pu s’appeler « Corps » tant le corps de la femme est au cœur du sujet. Céleste, qui est bonne, n’est pas considérée comme une vraie femme – Anselme dit bien qu’il n’a pas trompé son épouse avec une autre femme, mais avec une bonne…même s’il ne s’agit pas de tromperie, mais bien de viol! Elle n’est qu’un corps, dont on peut se servir à volonté, sans son consentement – d’ailleurs elle n’a pas le droit de dire non. Victoire, femme bourgeoise, n’a au contraire pas de corps : elle n’a longtemps pas eu de miroir, ne se voit jamais nue, ne se montre pas nue à son mari, ne peut s’habiller seule en raison du corset qu’elle doit enfiler tous les jours.
C’est en se rapprochant que Céleste et Victoire vont devenir complètes, avec la reconnaissance à la fois de leur personne et de leur corps. Céleste est perçue comme un être humain par Victoire, et en se parant d’une de ses robes elle se voit enfin comme une vraie femme. Victoire prend conscience de son corps, qu’elle libère en brûlant ses corsets. Pour la première fois les deux femmes vont ressentir mais aussi recevoir de l’amour, et découvrir la sexualité et le plaisir.
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« Amours » est un roman tout en délicatesse sur la place de la femme, les classes sociales, les différentes formes de l’amour. C’est joliment et pudiquement écrit, même si j’ai regretté quelques dialogues un peu trop modernes pour l’époque. Hypocrisie de la bourgeoisie, secrets de famille, relations maîtres et servants sont habilement liés pour composer un récit élégant, très agréable à lire, et qui fait réfléchir. Une belle découverte qui m’a convaincue de me plonger dans l’oeuvre de Leonor de Recondo.
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7e participation au Challenge Rentrée Hiver 2015 organisé par Valérie et hébergé par Laure de Micmelo.
Publié le 8 janvier 2015 aux Editions Sabine Wespieser, 276 pages.
Tous les avis que j'ai lu m'ont donné envie de lire ce livre. Mais ta façon d'en parler me donne encore plus envie, j'aime beaucoup ton angle d'approche sur le corps des femmes.
il faut que tu lises Pietra Viva !
@Tant qu'il y aura des livres : Leonor de Recondo avait mis l'accent sur cet angle dans LGL
@Clara: c'est clair!
Je le note, ton billet me donne envie de le découvrir.
Je n'avais pas été assez emballée par Pietra Viva pour tenter celui-là…
@Tiphanie : super!:-)
@ Galea : comme je n'ai pas lu Pietra Viva, je ne peux pas te dire si celui-ci est mieux ou dans la même veine