Je suis interdite – Anouk Markovits

C’est quelques jours après avoir emprunté « Je suis interdite » d’Anouk Markovits à la médiathèque que j’ai appris qu’il faisait partie des trois romans de la sélection d’Avril du Prix ELLE, avec « Comme les Amours » de Jorge Marias (qui est dans ma PAL) et « Une Sainte » d’Emilie de Turckheim.

La couverture était délicate et très belle, et le sujet, alléchant. En Transylvanie, pendant la guerre, Josef, un orphelin juif, est caché chez une fermière chrétienne. Il aide Mila, une petite fille dont le père et la mère viennent d’être tués, à rejoindre des amis de sa famille, les Stern. Ceux-ci, des Juifs orthodoxes, vont élever Mila en même temps que leur propre fille Atara à Paris. Si Atara, à l’adolescence, rejette les contraintes du judaïsme orthodoxe, Mila s’y épanouit. A dix-sept ans, elle épouse Josef, mais commet une faute qui aura de lourdes conséquences sur les générations à venir.
J’ai apprécié la première partie du roman avec des évocations très réussies de la vie d’une famille orthodoxe, de la lutte pour se développer intellectuellement quand on est une femme dans un tel milieu, de la difficulté à réintégrer dans le judaïsme des enfants ayant été cachés pendant plusieurs années dans des foyers chrétiens. J’ai également aimé l’enquête à laquelle Mila et Atara se livrent pour déterminer les circonstances exactes de la mort des parents de Mila, et le comportement réel de leur Rabbin pendant la guerre.

Mais c’est à la suite du mariage de Mila et Josef que j’ai commencé à être déçue par ce récit qui s’essoufflait et gagnait en superficialité au fur et à mesure que les années passaient. L’histoire en elle-même, le contexte, et les personnages étaient prometteurs mais j’ai eu l’impression que l’auteur avait mixé les histoires de Yentl, Kadosh, et Sotah de Naomi Ragen, et que malheureusement le mélange ne prenait pas. Autant le portrait de la famille Stern était réussi, autant j’ai trouvé qu’Anouk Markovits s’était laissée déborder par son sujet, et que le couple formé par Mila et Josef était beaucoup moins attachant. Là où « La Répudiée » d’Eliette Abecassis et son adaptation cinématographique par Amos Gitai traitaient du même sujet avec beaucoup de finesse, « Je suis interdite » est devenu franchement ennuyeux et même vaguement hystérique lors du passage de « la faute ».

Quant à Atara, si présente dans la première partie, son histoire est expédiée dans la seconde partie et on ne saura rien des circonstances dans lesquelles elle a bâti son indépendance, alors qu’elle était à mes yeux le personnage le plus attachant et intéressant. C’est dommage car j’avais envie d’aimer ce livre qui a quand même le mérite de dénoncer l’étroitesse d’esprit à laquelle l’application stricte de la religion peut mener, et l’absurdité de certaines Lois, qui font rejaillir sur une descendance innocente des « fautes » commises par leurs ancêtres.

7 commentaires sur “Je suis interdite – Anouk Markovits

  1. Je l'ai lu d'une traite et je l'ai beaucoup aimé. C'est vrai que l'auteure aurait pu développer l'histoire d'Atara (elle pourrait presque faire un livre sur elle). Je n'ai pas encore lu le 3eme roman de la sélection d'avril mais pour le moment, celui-ci est mon préféré dans cette catégorie.

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