Baby Love – Joyce Maynard

« Baby Love » est le quatrième roman de Joyce Maynard que je lis après« L’Homme de la Montagne », « Long Week-End » et « Les Filles de l’Ouragan ». C’est le premier roman que l’auteur a publié, en 1981.

A la fin des années 70, dans une petite ville sans intérêt, quatre amies adolescentes sont confrontées à la maternité : Sandy a dix-huit ans et est déjà mariée et mère d’un petit garçon; Tara et Wanda sont des mères célibataires de seize ans ; Jill pense être enceinte, au grand dam de son petit ami Virgil. Si Sandy et Tara sont toutes dévouées à leur progéniture, Wanda a du mal à concilier la maternité avec son jeune âge, et bouscule fréquemment son bébé. De nouveaux habitants arrivent en ville : un couple d’une trentaine d’années et une jeune femme de vingt ans, dépressive après avoir rompu avec un homme plus âgé et déjà père qui ne veut plus avoir d’enfants.

 

Joyce Maynard

« Baby Love » est un livre sombre, où les couples ne s’entendent plus, où les hommes n’assument pas d’avoir des enfants, où les grands-mères sont prêtes à n’importe quelle bassesse pour s’emparer de leur petite-fille ou s’en moquent royalement, où les bébés souffrent de maltraitance…Joyce Maynard dépeint très bien l’ennui de cette petite ville, et l’importance d’avoir un enfant pour posséder quelque chose à soi, avoir un statut, une importance, une raison de se projeter dans l’avenir. Il y a peu d’inquiétude sur les lourdes responsabilités, le poids financier, les opportunités manquées que représente le fait d’avoir un enfant aussi jeune. Seule Jill va connaître un vrai revirement dans sa façon de penser.  La fin est ouverte à interprétation sur le futur des quatre filles, et si l’une devrait a priori s’en sortir correctement, l’incertitude et l’inquiétude règnent au sujet des trois autres. 

Les personnages des quatre filles sont plutôt bien campés, ainsi que celui de l’époux de Sandy, partagé entre ses devoirs de mari et père et son immaturité de jeune homme. Je me suis particulièrement attachée à Tara, qui s’occupe coûte que coûte de sa fille malgré le peu de soutien que lui apporte sa mère et fait son possible pour prendre son destin en main.

Par contre, le personnage d’Ann, la jeune femme malade de ne pas avoir d’enfant avec l’homme qu’elle aime, m’a semblé peu plausible compte tenu de son jeune âge, vingt ans. Il y a également un psychopathe dans cette histoire qui est clairement en trop à mes yeux, et ne fait que brouiller le récit en lui donnant une facette thriller qui était absolument dispensable, tout comme le personnage de l’auto-stoppeuse qui vient voir son ancien professeur comme par hasard pile le jour où cela arrange Joyce Maynard d’avoir une petite jeune dans le coin…
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Le récit souffre donc de quelques lourdeurs et de défauts, notamment pour la fin, qui est inattendue, mais pas dans le bon sens du terme. On sent que la plume de Joyce Maynard n’est pas encore aussi aboutie que dans « Long week end » – écrit 18 ans après, cela dit, et que l’auteur a voulu caser plusieurs histoires différentes dans le même roman, quitte à forcer sur les côtés pour que cela passe. Dommage, le récit aurait eu plus de force si l’intrigue avait été simplifiée et recentrée sur les quatre filles et leur entourage immédiat. Le talent de Joyce Maynard opère cependant, et sans être un roman majeur, « Baby Love » est néanmoins un livre intéressant et agréable à lire, malgré sa noirceur, sur les mères adolescentes.
Publié le 11 Avril 2013 aux Editions Philippe Rey, traduit par Mimi Perrin, 302 pages, disponible en poche chez 10/18.

 

9 commentaires sur “Baby Love – Joyce Maynard

  1. Je l'ai lu et n'en ai pas écrit de critique. Mon souvenir est globalement positif, mais avec une impression d'étouffement, d'atmosphère déprimante… Ceci dit, je ne me souviens plus du tout de la fin, ce qui est sans doute préférable, vu ce que tu en dis !

  2. Je suis tout à fait d'accord avec ton avis. C'était mon premier Joyce Maynard. J'étais tout de même assez emballée pour aller plus loin. Il y a eu ensuite "L'homme de la montagne", que j'ai dévoré (le roman, pas l'homme!). Il me reste "Long week-end" à lire et son petit dernier, qui vient de paraître…

  3. Malgré les quelques bémols, je pense que je lirai ce roman de Joyce Maynard, j'ai été déçue par une adolescence américaine mais j'ai tellement apprécié l'Homme de la montagne que ça me donne envie.

  4. @Tiphanie : il me reste Prête à tout, et les deux livres autobiographiques à lire!
    @Marie-Claude : je suis contente de ne pas l'avoir lu en premier, car je n'aurais peut-être pas persévéré… quand tu dis son petit dernier, tu parles de la réédition de Prête à tout?
    @Kathel : tu veux que je te redonne la fin en MP? 😉
    @Valérie : c'est pour le moment le moins bon que j'ai lu de cet auteur
    @Clara: moi non plus 🙂
    @Tant qu'il y aura des livres : oui, d'autant plus que les Maynard n'ont pas forcément été édités de façon chronologique en France
    @Laure : oui on s'était donné le mot 😉

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