Derrière la porte – Sarah Waters

Sarah Waters est un auteur que j’aime beaucoup, depuis que je l’ai découverte avec « Caresser le velours » et « Du bout des doigts », lu en anglais sous le titre « Fingersmith ». « Ronde de nuit » m’avait quand même un brin déçue, tout comme la fin de « L’indésirable » alors que j’en avais adoré l’atmosphère et la tension qui s’en dégageait. J’étais donc ravie d’apprendre que l’auteur sortait un sixième roman, intitulé « Derrière la porte ».

Frances, vingt-six ans, habite seule avec maman dans un très vieil appartement  une grande maison de la banlieue de Londres. Nous sommes en 1922, ses deux frères sont morts à la guerre, et son père est également décédé, en ne laissant à sa veuve que des dettes. Sa mère et elle doivent donc se résoudre à accueillir des hôtes payants – « The paying guests » est d’ailleurs le titre original du roman. Lilian Barber, une jeune femme fantasque et pétillante, et son mari s’installent donc au premier étage de la demeure, et Frances, au départ gênée par cette intrusion, succombe bientôt au charme de sa locataire…Je m’arrêterai là pour le résumé, car j’ai été déçue que la quatrième de couverture aille trop loin et dévoile une partie importante du récit.
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J’ai eu tout d’abord du mal à entrer dans ce roman, j’ai trouvé que le récit mettait beaucoup de temps à décoller. La période historique n’aide pas beaucoup, car l’après-Première Guerre Mondiale en Angleterre semble avoir été bien triste et terne, tout du moins dans le milieu dépeint ici par Sarah Waters. On est loin dans ce roman des années folles et des garçonnes, des boas et des coupes de champagnes, mais plutôt dans le quotidien routinier d’ une vieille fille et sa mère, plongées dans le deuil, qui vivotent tant bien que mal accompagnées du souvenir des années fastes. Sarah Waters réussit d’ailleurs très bien à dépeindre la vie de solitude et de frustration de Frances, qui a renoncé à ses penchants et à une histoire d’amour par souci des convenances. L’ambiance de la maison, ainsi que les personnages sont également très bien décrits, notamment la famille de Lilian Barber. Malgré tout, cela manque de rythme et de flamboyance, même les scènes de sexe sont plutôt plates, et j’ai vraiment l’impression que les romans de Sarah Waters sont un peu poussifs lorsqu’ils ne sont pas situés à l’époque victorienne, qui semble être l’époque dans laquelle elle est la plus à l’aise.

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Après un événement irréversible qui marque un tournant dans le récit, l’histoire s’accélère, avec notamment un aspect « policier » donné au roman, des rebondissements et du suspense. Cette partie est intéressante, car non seulement il y a de la tension dramatique, mais les personnages sont également confrontés à une situation qu’ils ne peuvent pas maîtriser et qui leur échappe et à des choix cornéliens. On se pose des questions sur les motivations réelles de Frances et Lilian, sur un éventuel machiavélisme de part et d’autre.
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Je ne m’attendais cependant pas à cette fin, que j’ai trouvée plutôt improbable et décevante.J’ai retrouvé dans « Derrière la porte » de Sarah Waters le talent de l’auteur pour créer des personnages et des ambiances, j’ai eu cependant du mal avec le traitement de l’histoire, qui a eu beaucoup de difficultés à prendre son envol. C’est dommage, le sujet et le côté policier du roman avaient beaucoup de potentiel. Je suis donc mitigée alors que j’avais abordé ce livre avec enthousiasme, peut-être qu’un retour à l’ère victorienne me convaincrait plus. A un lecteur qui ne connait pas Sarah Waters, je conseillerais plutôt « Caresser le velours » ou « Du bout des doigts »Merci à Célia des éditions Denoël qui m’a permis de lire ce roman avant sa sortie.

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Publié le 17 Avril 2015 aux Editions Denoël, traduit par Alain Defossé, 704 pages.

15 commentaires sur “Derrière la porte – Sarah Waters

  1. J'avais eu un énorme coup de coeur pour Du bout des doigts/Fngersmith, et j'ai ensuite été très déçue par Affinity dans lequel je me suis ennuyée. The little stranger ne m'avais pas totalement convaincue, mais c'était déjà mieux. J'ai Caresser le velours dans ma pal, je pense que je le lirai cet été pour me réconcilier avec l'auteure. Mais par la suite, aucun titre ne me tente vraiment!

  2. J'avais adoré "Du bout des doigts" ! Depuis, j'ai deux romans de Sarah Waters dans ma PAL mais je ne l'ai pas encore relue. Je pensais peut-être m'y pencher pour ce mois anglais : à voir ! (Il faut dire que ce sont deux titres qui ont globalement déçus les lectrices alors j'hésite…). Maiiiiis, c'est moi où le lesbianisme est un peu le gimmick de l'auteur, reçyclé à toutes les époques ?!

  3. Comme toi je garde un très bon souvenir de Caresser le velours et Du bout des doigts, ton billet sur derrière la porte me fait penser à mon avis sur Ronde de nuit, qui je dois le dire 'ma déçue également, je crois que finalement je m'abstiendrai pour ce dernier roman.

  4. J'aimerai bien le lire malgré tes bémols (et les 25 euros) car j'apprécie l'auteur. "Caressez le velours" et "Affinités" sont mes préférés. Mais je suis d'accord avec toi, Sarah Waters est meilleure lorsqu'elle traite de l'époque victorienne.

  5. @Alexielle : de rien ! 🙂
    @Mrs Figg : oui, on sent que c'est sa période de prédilection. Pareil que toi, quand j'apprécie un auteur, je vais lire son nouveau roman, même quand je lis des billets à bémols…
    @Brize : je ne me souviens pas de cette prise de temps, mais je l'ai lu il y a pas mal d'années!
    @Cryssilda : il te reste de la place pour ce livre dans ton Mois Anglais? 😉
    @Tant qu'il y aura des livres : oui, d'autant que ce n'est pas forcément un livre très représentatif de son oeuvre
    @Tiphanie : je n'étais pas non plus très enthousiaste avec Ronde de Nuit
    @Lili : elle a publié 6 romans, dont 5 évoquent le lesbianisme, il n'y a que l'Indésirable qui n'en fait pas mention
    @Choup : si tu as aimé du bout des doigts, je pense que tu aimeras également Caresser le velours
    @Titine: et pourtant, j'aurais tellement aimé être enthousiaste!!
    @Bianca : j'attends ton avis 🙂
    @Clara : bonne solution ^^
    @Natacha : de rien ! 🙂

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