« American Girl » de Jessica Knoll est un roman que je n’aurais certainement pas lu sans le billet de Clara :la couverture rose très « young adult » à mille lieux des couvertures habituelles d’Actes Sud ne m’avait pas du tout attirée, tout comme les relents chick lit du résumé. Pourtant, même si mon avis n’est pas totalement positif, cela aurait été dommage de passer à côté de ce roman marquant.
Ani FaNelli a 28 ans et est journaliste pour un magazine féminin à New York. Elle va se marier d’ici quelques mois avec un jeune homme riche et de bonne famille, et exhibe partout l’énorme et coûteuse émeraude qui lui sert de bague de fiançailles. Obsédée par son apparence et par son poids, elle semble hautaine, cynique et superficielle. Pourtant son image parfaite se craquelle alors qu’elle va bientôt participer au tournage d’un documentaire sur son ancien lycée, un établissement privé et haut de gamme. On découvre alors que celle qui s’appelait alors TifAni a vécu des événements très traumatiques alors qu’elle était adolescente, et que sa soif de perfection et de réussite est une revanche sur son passé et le moyen de maîtriser la douleur de ce qui lui est arrivé. Le récit alterne entre la période actuelle et quinze ans auparavant, l’année où TifAni est entrée à Bradley High School.
J’ai eu du mal au début de ce roman, avec le côté chick lit (la working girl aux dents longues qui ne pense qu’à son poids et à son mariage, et mentionne marques et lieux à la mode à tout bout de champs, en se comparant à toute femme qu’elle croise) mais aussi avec le personnage d’Ani qui n’est pas spécialement attachant. Pourtant au fur et à mesure des pages, on découvre les failles d’Ani, ses angoisses, ses insomnies, ainsi que son passé – issue d’un milieu modeste, elle a toujours été poussée par sa mère, obsédée par la réussite sociale et prête à tous les sacrifices pour que sa fille fréquente du beau monde et fasse de brillantes études. Lorsque TifAni arrive à Bradley High School, lycée privé huppé de Philadelphie, elle a très envie de devenir une élève populaire, ce qu’elle parvient presque à devenir…jusqu’au drame. Ou plutôt jusqu’au premier drame, car durant la même année, il y en aura un autre, tout aussi violent et imprévisible.
L’écriture de Jessica Knoll ne sert pas toujours l’intrigue, qui est parfois étouffée par les bavardages de la période actuelle, entre recherche de robe de mariée et considérations cyniques. Le fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Ani m’a empêcher de totalement adhérer à « American Girl ». Pourtant le roman est prenant, et devient rapidement marquant, tant par les événements qui ont eu lieu durant cette année de lycée, que par la réflexion sur la résilience, la colère, le statut de victime, le regard d’autrui…Après avoir lu « American Girl » je me suis un peu renseignée sur l’auteure, ancienne journaliste à Cosmopolitan, qui à force de questions sur les similitudes entre la vie d’Ani FaNelli et la sienne, a fini par révéler que le roman était en grande partie autobiographique. En sachant cela – après coup, donc – « American Girl » résonne de façon particulière, et je me suis plus attachée a posteriori à l’héroïne.
Malgré les bémols, « American Girl » est un roman marquant, traitant de sujets très graves sous un premier abord superficiel. A lire en dépassant les a priori et les premières impressions.
Publié en Juin 2016 chez Actes Sud, traduit par Hubert Malfray, 368 pages.
J’avais aussi lu le billet de Clara. La couverture m’avait un peu rebutée et je craignais de la pure chick list (nonobstant l’éditeur). J’avoue n’être pas suffisamment intriguée pour le glisser dans ma volumineuse pal.
la couverture est bizarre, en effet, et ne correspond pas du tout à ce que fait Actes Sud habituellement…le livre n’est pas non plus totalement en phase avec la ligne éditoriale habituelle d’Actes Sud…
Tes a priori me poussent à ne pas le lire même si l’histoire (la seconde partie) parait intéressante. Comme toi la chick lit me laisse totalement froide !
en fait ce n’est pas de la chick lit, mais c’est vraiment bizarre de ne pas réussir à s’attacher totalement à ce personnage à qui il arrive des choses dramatiques…
Je n’avais pas du tout reconnu une couverture de chez Actes Sud, c’est trés surprenant.
oui, même le format n’est pas un format « Actes Sud » classique…
Je reste très dubitative et je pense que je vais passer mon tour.
ce livre est un peu un OVNI , je ne suis pas sûre qu’il soit sorti avec la bonne couverture et chez le bon éditeur…le fossé entre l’allure du livre et son résumé d’un côté et l’éditeur a l’air de perturber…