« La Peur’ de Stefan Zweig au Théâtre Michel

Jeudi dernier j’ai eu l’occasion de me rendre au théâtre Michel, à Paris, pour assister à l’adaptation d’une nouvelle de Stefan Zweig, « La Peur ». Il semblerait que niveau théâtre je sois fan de l’écrivain autrichien, car en un an, c’est la troisième pièce adaptée de Zweig que je vais voir, après « Le joueur d’échecs » avec Francis Huster et « 24 heures dans la vie d’une femme » avec Clémentine Célarié.

Le théâtre Michel est de taille réduite, un joli petit écrin qui permet d’avoir une bonne visibilité de la scène, et de se sentir proche des acteurs et de ce qui se déroule sous nos yeux. Je ne connaissais pas du tout cette nouvelle de Stefan Zweig, écrite en 1920, et je ne me suis pas non plus renseignée sur l’histoire, et c’est tant mieux car je n’aurais pas autant apprécié la pièce, la chute étant très importante. Donc si vous non plus ne savez pas de quoi parle cette pièce, ne faites pas de recherches à son sujet, car il n’y aura du coup plus de suspense et votre plaisir en sera diminué.

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Irène est mère au foyer et mariée avec Fritz, un avocat au pénal. La pièce commence par une dispute, Irène n’appréciant pas que son mari défende un violeur présumé. Elle pense à la réaction de la victime si l’agresseur est libéré grâce à défense de Fritz et au risque de récidive. Des remarques qui énervent profondément Fritz. On comprend vite qu’Irène a un secret : elle trompe son mari avec Edouard, un musicien, qu’elle retrouve tous les mercredis après-midi. Un jour, alors qu’elle sort justement de chez Edouard, une femme l’aborde : elle se présente comme Elsa, la petite amie d’Edouard, et se plaint que la conduite d’Irène lui a porté préjudice – sa relation avec Edouard est perturbée et elle s’est absentée de son travail pour suivre Irène ce qui a entraîné son licenciement. Elsa demande donc de l’argent à Irène. Si celle-ci ne lui donne pas une certaine somme, elle révélera tout à Fritz. Irène se retrouve embarquée dans une spirale infernale : Elsa la suit partout, lui réclame toujours plus d’argent en la menaçant de s’adresser à Fritz…

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L’idée de Stefan Zweig est excellente, et la pièce est très bien ficelée, avec un twist extrêmement malin. La mise en scène est vraiment bien trouvée – bravo à Elodie Menant – avec des idées qui mettent en valeur le trouble ressenti par Irène, qui se retrouve piégée par la maître-chanteuse. La scène est formée d’une structure mobile, qui se transforme, entraînée par les acteurs, passant du foyer d’Irène et Fritz à l’immeuble de l’amant Edouard. Plus Irène s’angoisse, embourbée dans ses mensonges et ses craintes, plus l’espace semble rétrécir, rendant la scène de plus en plus oppressante.

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Qui est la mystérieuse femme? Est-elle réelle? Ou est-elle l’invention d’Irène, l’expression de sa culpabilité? Les acteurs donnent vraiment vie à la pièce – mention spéciale à Ophélie Marsaud, raide et énigmatique dans le rôle d’Elsa. « La Peur » évoque la culpabilité, la responsabilité, l’aveu, le pardon, au niveau légal comme au niveau personnel.

« La Peur » de Stefan Zweig est une pièce dense, qui suscite le questionnement, et que la mise en scène d’Elodie Menant met vraiment en valeur. Une superbe pièce de théâtre! A voir !

Au Théâtre Michel, 38 rue des Mathurins, Paris VIIIe, jusqu’au 26 février 2017 – du jeudi au dimanche, durée 1h20

Tarifs : OR-29 euros, Catégorie 1 – 25 euros, Catégorie 2 – 18 euros

Mis en scène par Elodie Menant, avec Aliocha Itovich, Hélène Degy, Ophélie Marsaud.

Plus d’informations ici.

 

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