Derrière la magnifique couverture de « No Home » de Yaa Gyasi se cachent trois siècles d’histoire du peuple africain, du Ghana aux Etats-Unis.
L’histoire commence au Ghana au XVIIIe siècle, avec deux demi-sœurs, Effia et Esi, élevées dans deux villages différents. Effia épouse un capitaine anglais et vit confortablement avec lui dans un fort, haut lieu du commerce triangulaire. Elle ne saura jamais que sa demi-soeur Esi, qu’elle n’a jamais connue, fait partie des cargaisons d’esclaves qui transitent par ce fort avant d’être expédiés aux Etats-Unis. C’est le début de deux lignées, l’une avec les descendants d’Effia, l’autre avec les descendants d’Esi. Le récit évoque chaque génération, sur trois siècles, et les chapitres alternent entre la lignée d’Effia au Ghana, et la lignée d’Esi aux Etats-Unis.
Heureusement qu’il y a un arbre généalogique au début du livre pour aider à se repérer dans les générations !(bon, si comme moi vous lisez ce livre en version numérique, ce n’est pas si simple de jongler entre la page de l’arbre et la page actuelle de lecture…). Yaa Gyasi nous raconte dans « No Home » une histoire marquée par l’esclavage – de son organisation au Ghana par les Anglais à qui des tribus africaines alliées vendaient leurs prisonniers à sa réalisation aux Etats-Unis – la ségrégation raciale – en vigueur jusqu’en 1964 aux Etats-Unis…, le racisme, la ghettoïsation…mais aussi par les événements positifs de la vie : histoires d’amour, familles soudées, réussite universitaire et sociale…
L’histoire est foisonnante, et il y a donc une multitude de chapitres et de personnages dans ce récit. L’auteure est très douée pour, en quelques chapitres, créer une atmosphère, une histoire, des personnages, je n’ai pas eu l’impression de sauter du coq à l’âne, ou d’être dans la superficialité, chaque chapitre est riche et bien développé. Par contre, il est difficile de s’attacher vraiment aux personnages puisqu’on les quitte au bout d’une dizaine de pages et je ne suis pas sûre de bien me rappeler d’ici quelques semaines les histoires et les personnes rencontrées dans ce roman, sauf celles qui sont très marquantes comme Effia ou Marjorie.
Yaa Gyasi réussit à décrire aussi bien la vie au Ghana – ses traditions religieuses, le fonctionnement des tribus, les relations entre tribus, les relations entre Noirs et Blancs, entre descendants de « négriers » et descendants de victimes – que la vie aux Etats-Unis – une vie où les dangers sont multiples : la fin de l’esclavage ne marque malheureusement pas la fin des problèmes rencontrés par la famille. Le récit est écrit sans manichéisme, il n’y a pas les méchants Blancs d’un côté, les gentils Noirs de l’autre, et chacun même des personnages a une personnalité contrastée, comme le capitaine Collins, à la fois esclavagiste et mari attentionné d’Effia.
« No Home » de Yaa Gyasi est un roman ambitieux qui retrace avec brio une saga familiale et une histoire du peuple afro-américain sur trois siècles, mais qui souffre du coup d’une certaine dispersion (beaucoup de sujets traités, beaucoup de personnages) et d’un épilogue un peu convenu (je l’avais soupçonné dès le début du livre). Néanmoins c’est un livre très bien écrit, très accessible, et très maîtrisé pour un premier roman écrit par une auteure de vingt-six ans, que je vous recommande!
Publié en Janvier 2017 chez Calmann-Levy, traduit par Anne Damour, 450 pages.
30e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2017.
En effet, c’est impressionnant de maîtrise pour un premier roman. J’ai beaucoup aimé cette structure qui offre une double histoire par génération et permet d’offrir une incroyable vue sur 300 ans de l’Histoire de l’esclavage, puis de l’émancipation des noirs africains… Un roman qui permet une meilleure compréhension de l’actualité. Vraiment très bien.
oui malheureusement, c’est une histoire qui ne semble pas avoir de fin…
Ce roman semble avoir bien des atouts.
Pour rebondir sur ta remarque sur les livres numériques, ils ont aussi beaucoup à améliorer les notes de bas de page ou de fin d’ouvrage : une vraie galère !
oui c’est quand on doit en permanence revenir à une page (là, la page avec l’arbre généalogique) qu’on s’en fait la remarque 😀
J’avais craqué pour cette sublime couverture… Malheureusement, je me suis perdue après quelques chapitres. Je suis complètement passée à côté… Trop de personnages? Sans doute. Une intrigue trop échevelée? Sans doute aussi. Je suis déçue de moi!
J’avais emprunté le livre à la BM puis par faute de temps et Marie-Claude l’avait abandonné (son message en parle mieux..) du coup je n’ai pas tenté de le relire même le sujet m’intéresse. J’ai aussi lu le roman de Colson Whitehead sur l’esclavage et j’avais envie de changer de sujet. J’ignorais que c’était un premier roman, du coup je pense le lire mais l’été prochain (il sera dispo à la BM)
Je vais bientôt commencer Underground Railroad, repéré sur ton blog! 🙂
je peux comprendre que l’on ait du mal à accrocher à ce livre, le fait de sauter en permanence d’un continent à l’autre et d’une époque à l’autre y est certainement pour beaucoup…
quel magnifique roman, je lui souhaite de rencontrer un immense succès, il me mérite!
j’ai l’impression qu’il a plutôt bien marché, aux USA comme en France, et c’est tant mieux!
Tout le monde en a parlé depuis sa sortie… et du coup il me fait un peu peur. J’ai peur d’être déçue !
cela n’a pas été pour moi l’énorme coup de cœur que beaucoup ont eu avec ce livre, mais il a d’indéniables qualités!
Moi j’ai beaucoup aimé même si je comprends que la multitude de sujets traités et la pléthore de personnages peuvent perdre ou rebuter certains … Mymy
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2017/07/25/35505292.html
j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages pour cette raison…après une dizaine de pages, hop on passe à autre chose! mais il est quand même extrêmement bien maîtrisé!
Il m’a beaucoup plu aussi. J’ai aimé notamment le fait que les héros se succèdent au fil des deux lignées, comme si le destin de chacun faisait l’objet d’une histoire à part entière.
oui, on pourrait presque dire que ce roman est un ensemble de nouvelles! j’ai aimé que l’auteure soit capable de planter un décor et d’incarner un personnage en très peu de pages, et ceci une trentaine de fois…
Un de mes romans préférés, sans aucun doute. Je ne m’en remets toujours pas..
oui je me souviens de ton billet coup de coeur!