Comme chaque année, je participe aux Matchs de la Rentrée Littéraire de Price Minister, et le hasard a bien fait les choses…puisque je n’ai pas reçu le livre que j’avais demandé ! Mon premier choix était « Ces rêves qu’on piétine » de Sébastien Spitzer (qu’il faut d’ailleurs que je lise un jour!) mais j’ai reçu « Comment vivre en héros » de Fabrice Humbert…et c’est tant mieux car j’ai vraiment apprécié ce roman.
Comment dans « Eden Utopie » que j’avais beaucoup aimé également, Fabrice Humbert nous conte une histoire familiale marquée à la fois par la destinée et par l’ascension sociale. Le personnage principal, Tristan, adolescent au début du roman, vient d’un milieu modeste – son père est ouvrier dans l’industrie automobile – et pratique la boxe. Un jour, dans le métro, il est en compagnie de son entraîneur quand celui-ci se fait agresser par trois voyous. Tristan, au lieu de l’aider, prend peur et s’enfuit de la rame. Son entraîneur souffrira lourdes séquelles, et Tristan vivra avec la honte de s’être défilé, de s’être comporté en lâche. La culpabilité sera d’autant plus forte que son propre père était résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale : non seulement il n’a pas été à la hauteur de la situation, mais il n’a pas non plus été le digne fils de son père.
Cette faute originelle va durablement marquer Tristan, la honte va par exemple tuer dans l’œuf sa première histoire d’amour avec la jolie Séverine. Alors, quand quelques années plus tard il voit une jeune femme se faire agresser dans le RER, il intervient et la sauve. Celle-ci va devenir son épouse, un événement qui le fait rentrer dans une famille socialement plus élevée que la sienne. En effet, son beau-père est un politicien du PS qui, voyant que son gendre, professeur d’histoire dans un collège de ZEP, s’implique pour améliorer son environnement de travail, lui propose de se présenter comme maire de la petite ville de banlieue difficile.
« Comment vivre en héros » présente de nombreuses facettes : saga familiale (le roman commence alors que Tristan est adolescent et se termine lorsqu’il a une cinquantaine d’années, alors qu’il est lui-même père de deux jeunes adultes), roman d’une ascension sociale, histoire de couple, fresque socio-économique de la France des années 80 à nos jours…mais quelque soit la facette abordée, celle-ci est marquée par la faute, le secret et la culpabilité. Aucun personnage n’est extraordinaire mais j’ai complètement adhéré à ce que nous propose Fabrice Humbert : les personnages sont très humains et très bien incarnés, et ils sont confrontés à des situations qui m’ont parlé. Le récit est fluide, et tout en restant très abordable, pose des questions intéressantes, notamment sur notre vision de l’héroïsme : le héros s’inscrit-il dans les grands événements de l’Histoire, comme les résistants? Doit-il forcément s’opposer à des ennemis, physiquement?
« Comment vivre en héros » de Fabrice Humbert est un roman addictif, que j’ai lu quasiment d’une traite. Derrière une histoire familiale a priori banale, un livre profond et ambitieux.
Publié en Août 2017 chez Gallimard, 416 pages.
24e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.
Nous sommes tout à fait en phase !
Je suis contente que tu aies aimé ce titre (vu que je l’ai proposé pour l’opération PM). J’espère qu’il y aura d’autres retours positifs. Je trouve que l’on a pas assez parlé de ce roman qui a selon moi beaucoup de qualités.
merci Sylire pour ta sélection de qualité!
et tu as tout à fait raison, on en a curieusement peu parlé alors que Fabrice Humbert est quand même un auteur reconnu!
Un bon roman qui se lit d’un trait (mais je ne l’ai pas chroniqué par paresse pure) C’est bien d’en parler!
ben alors Keisha? toi, paresseuse?
Voilà un roman français qui m’inspire. Les romans familiaux, je résiste difficilement. Je le note!
moi aussi j’aime beaucoup les histoires de famille!
Auteur jamais lu. J’espère que mon livre « priceminister » me comblera autant que tu l’as été.
tu as reçu lequel?
tu me fais penser que je dois publier ma critique avant le 16 ! j’ai reçu le livre que j’avais demandé. Je n’avais pas du tout entendu parler de ce livre, et ton billet lui rend hommage ! La peur peut nous figer sur place ou alors nous faire accomplir des choses incroyables. J’ai été confrontée plusieurs fois à des situations difficiles et une fois j’ai agi (et failli tuer le copain de mon frère qui voulait nous faire une mauvaise blague) .. je pense que mon cerveau met du temps à imprimer parfois le danger et je reste donc aussi très calme (deux situations en tête). Intéressant de suivre ce personnage pendant plus de quarante ans. Ma pal déborde donc il attendra !
c’est vraiment bizarre qu’on n’ait pas plus entendu parler de ce livre, l’auteur est quand même connu, « L’Origine de la Violence » a même été adapté au ciné…
Cela fait longtemps que je n’ai plus lu cet auteur que j’apprécie beaucoup surtout avec son « origine de la violence » !
je n’ai pas lu tous ses livres, mais oui j’avais apprécié L’Origine de la Violence, et également son adaptation au ciné. Eden Utopie m’avait bien plu également…
Merci pour ce billet, j’hésitais encore avec ce titre ( bien qu’ayant comme toi apprécié d’autres de l’auteur ). J’hésitais notamment à cause du contexte, que je comprends mieux en te lisant.
moi aussi au début ce livre ne me disait pas vraiment, je l’avais quand même mis dans ma liste car j’apprécie l’auteur, mais pas en premier choix…
ça alors, j’étais certaine de t’avoir laissé un commentaire sur ce bouquin… Mais du coup, j’ai oublié lequel…
c’était peut-être sur IG?