Couleurs de l’Incendie – Pierre Lemaître

Je ne savais pas du tout qu’« Au revoir là-haut », un roman que j’ai adoré – ainsi que son adaptation cinématographique – était en fait le premier tome d’une trilogie. Pierre Lemaître revient pour cette Rentrée Littéraire de Janvier avec un second tome, « Couleurs de l’Incendie ».

Il n’est pas nécessaire d’avoir lu « Au revoir là-haut » pour lire « Couleurs de l’Incendie », mais ce serait dommage. Déjà parce qu' »Au revoir là-haut » est un excellent roman, mais aussi parce qu’il est à mes yeux bien meilleur que ce second tome! Donc s’il y en a un des deux à lire en priorité, c’est bien le premier! Il n’y a qu’un seul personnage fil conducteur entre les deux romans (même si un deuxième fait son apparition plus tard dans le récit), c’est Madeleine Pericourt – la sœur d’Edouard, la gueule cassée et ex-femme d’Henry d’Aulnay-Pradelle. « Couleurs de l’Incendie » débute lors des obsèques du père de Madeleine, le richissime banquier M. Pericourt. Les funérailles sont marquées par un événement tragique impliquant Paul, le fils de Madeleine âgé de 7 ans. Sans dévoiler l’intrigue, Madeleine va bientôt être victime d’une machination et se retrouver dans une situation financière très difficile…

La lecture de « Couleurs de l’Incendie » a été addictive, bien que ce roman compte près de 550 pages, je l’ai lu vraiment très vite. C’est un roman agréable à lire. Pour autant, « Au revoir là-haut » a mis la barre assez haute, et malheureusement, si « Couleurs de l’Incendie » est plutôt un bon livre en tant que tel, c’est un second tome assez décevant. Déjà parce que l’intrigue met beaucoup de temps à se mettre en place et qu’il faut bien attendre deux cents pages avant qu’elle ne décolle. Mais aussi parce que le contexte est bien moins porteur que celui d' »Au revoir là-haut », où la boucherie de 14/18 et l’immédiat après-guerre offraient un environnement haut en couleur au récit. Ici nous sommes dans l’entre-guerre, une période moins mouvementée, même si le nazisme montre le bout de son nez vers la fin du livre,  et les personnages sont également moins attachants que le duo Edouard Pericourt et Albert Maillard. J’ai également trouvé l’intrigue un peu trop lourde, Madeleine et son fils sont doublement victimes, alors qu’un seul axe – l’axe financier- aurait suffi.

Mais surtout, ce qui m’a gênée dans ce second tome, c’est que l‘on reprend les ingrédients du premier. On y retrouve un grand saut, un personnage diminué physiquement et qui communique grâce à un carnet, une victime qui va chercher à se venger de façon ingénieuse, la création d’une entreprise… La nouveauté est que si « Au revoir là-haut » était un roman finalement très masculin, « Couleurs de l’Incendie » met beaucoup plus les femmes en avant, que ce soit Madeleine, le personnage principal, ou trois personnages secondaires mais néanmoins importants : Léonce, Vladi la gouvernante polonaise ou encore Solange la cantatrice.

« Couleurs de l’Incendie » de Pierre Lemaître est loin d’être un mauvais livre, il est bien écrit, bien construit, se lit très bien…mais malheureusement, c’est le second tome d' »Au revoir là-haut », ce qui entraîne des attentes et des comparaisons qui ne sont pas au bénéfice de ce nouveau roman, moins inventif et plus terne. J’attends néanmoins le troisième tome avec impatience, en espérant être agréablement surprise!

Publié en Janvier 2018 chez Albin Michel, 554 pages.

2e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2018.

29 commentaires sur “Couleurs de l’Incendie – Pierre Lemaître

  1. J’ai été étonnée moi aussi à la sortie de ce livre d’apprendre que « Au revoir là haut » était le premier tome d’une trilogie. Il faudrait rechercher si ça avait été annoncé comme tel au moment de la sortie. Mais bref, j’ai un peu peur de me lancer dans ce nouveau roman parce que j’ai tellement aimé le précédent. Mais à te lire, je pense que si je n’en attends pas trop, ça peut être tout de même un bon moment de lecture. Je tenterai donc surement, mais pas tout de suite.

    1. je ne pense pas que cela ait été annoncé, car sinon, vu le succès du livre, tout le monde aurait été impatient de découvrir le tome 2! mais oui, il vaut mieux ne pas en attendre trop, en tout cas il se lit très bien

  2. Le tome 1 était parti sur une base très élevée avant de s’essouffler sur la fin. Du coup je ne suis pas étonné que le tome 2 soit moyen.

  3. Je dois toujours lire le premier tome (mon beau-père l’a adoré) et je ne suis donc pressée de lire cette « suite » – ce qui m’inquiète c’est ce que tu dis : qu’il a repris les mêmes ingrédients…

    Bon, je me dis que tu dois apprécier Bakhita , ton vrai premier coup de coeur du coup ?

    1. oui c’est ça qui m’a embêtée, retrouver les mêmes schémas… mais lis Au revoir là-haut, c’est une très belle lecture!
      tiens tu me fais penser qu’il faut que je chronique Bakhita – mais c’est un livre de la RL de Septembre, pas de Janvier… et c’est une lecture que j’ai appréciée, mais ce n’est pas un coup de coeur

  4. Il m’attend tranquillement, je n’en attends pas plus qu’un bon moment et le plaisir de retrouver certains personnages d’An revoir là-haut… Ensuite, je pense que l’intérêt pour l’époque et le contexte varie forcément d’un individu à l’autre et personnellement les thèmes annoncés dans ce volume m’attirent beaucoup.

    En fait au départ il n’était pas question d’une suite même si la fin est très ouverte…. C’est quelque temps après qu’on a commencé à en entendre parler. Résultat certainement du succès énorme du premier mais également du potentiel induit par l’univers créé… A suivre donc 🙂

    1. oui je pense aussi qu’il ne faut pas le lire en ayant des attentes trop fortes..au niveau du contexte, habituellement je suis plus portée sur les années 30/40 que sur la guerre de 14/18 mais j’avais justement apprécié Au revoir là-haut car il avait réussi à m’intéresser à une période qui ne me tentait pas plus que cela…

  5. On avait très vite su à la sortie du premier, qu’il y aurait une suite. Je viens de la commencer, en audio. J’ai beaucoup aimé la première heure, la deuxième est plus laborieuse.

  6. J’ai adoré les Couleurs de l’Incendie et je ne le trouve pas moins bon que le prix Goncourt Au revoir là-haut. Il est complètement différent. Les situations dramatiques sont teintées d’un humour décapant très bien maîtrisé par Pierre Lemaitre. Cet auteur ne cesse de s’améliorer et j’attends avec impatience l’intrigue que Pierre Lemaitre va nous proposer pour boucler cette prometteuse trilogie.

  7. Je viens de découvrir l’histoire par le canal de l’adaptation cinématographique de Clovis Cornillac sortie il y a quelques semaines… et n’ai pas (encore) lu le livre.
    L’avantage, c’est que je ne connaissais pas Au revoir là-haut (n’ayant lu ni le livre ni la BD, et pas vu non plus l’adaptation cinématographique que vous évoquez).
    En y réfléchissant, c’est vrai que, pour la littérature très « contemporaine », c’est plus souvent un film qui m’amène à aller vers le livre ayant été adapté, que le contraire (livre lu avant de voir le film)…
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *