Miss Charity – Marie Aude Murail

Marie-Aude Murail, tout comme Susie Morgenstern ou encore Cynthia Voigt, est une romancière que j’ai beaucoup lue quand j’étais adolescente. Je l’ai retrouvée avec grand plaisir l’an dernier avec les trois premiers tomes de sa série « Sauveur et Fils », que je vous conseille chaudement – et j’espère d’ailleurs lire le tome 4 très bientôt.

« Miss Charity » est un roman jeunesse illustré par Philippe Dumas, paru il y a dix ans, et qui sera à l’affiche du prochain Bibliomaniacs. Ne vous affolez pas devant l’épaisseur de ce livre, qui est assez impressionnante, les feuilles sont épaisses, et s’il y a effectivement plus de 550 pages, c’est écrit gros, il y a des illustrations…et surtout, ce roman est tellement passionnant que vous l’aurez lu très vite ! (en deux jours pour ma part, juste dans les transports et en soirée!)

Inspiré librement de la vie de Beatrix Potter, ce roman a pour personnage principal Charity Tiddler, née dans une famille anglaise aisée en 1870. La petite fille grandit de façon solitaire : elle est fille unique, ses parents s’occupent très peu d’elle, elle n’a quasiment pas de contact avec d’autres enfants, à part des cousins avec qui elle n’a rien en commun. Charity est reléguée au troisième étage de la maison avec pour seule compagnie une gouvernante un peu folle, Tabitha. Deux événements vont changer la vie de la petite fille : elle découvre une petite souris qui va lui donner le goût des animaux, et ses parents engagent une préceptrice française, Blanche, pour que Charity, jeune fille de bonne famille, parle Français et joue du piano. Blanche va apprendre le dessin et l’aquarelle à Charity, et deviendra également une grande amie et son principal soutien…

J’ai adoré « Miss Charity », un véritable coup de coeur! Charity est un personnage très attachant. Une petite fille en complet décalage avec son milieu et son époque, qui se façonne toute seule, suivant son instinct et sa curiosité, en se moquant de paraître bizarre…A une période où la science est encore balbutiante, où les filles, même de milieu aisé, sont peu éduquées, Charity prend ses distances avec la religion, cherche à se cultiver dans la bibliothèque paternelle, s’intéresse aux animaux, mais aussi aux squelettes, fossiles, champignons, ou encore moisissures… Dans un milieu – et une famille – où les filles de son âge ne semblent avoir qu’un objectif, trouver un mari, et si possible très riche, Charity détonne par sa personnalité et ses appétences.

Je n’ai pas vu passer les 550 pages de ce livre, tant j’étais captivée par le personnage de Charity et par l’histoire. On suit l’évolution de la jeune fille, ses interactions avec toute une galerie de personnages, notamment ses cousines Ann et Lydia, et l’ami d’enfance Kenneth Ashley, qui lui aussi mène une vie décalée, bien que très différente de celle de Charity. Il y a toute une facette  austinienne dans ce roman, avec des histoires de famille, des intrigues amoureuses, des mariages intéressés, vus à travers les yeux d’une personne plus éduquée, plus cultivée, et qui a du recul sur la situation. Le livre évoque également l’édition, les licences, les produits dérivés –  à une époque où avoir une « femme de lettres » dans la famille semble être une véritable honte, et où les femmes de milieu aisé ne sont pas supposées travailler, Charity prend même en main les négociations commerciales concernant les livres qu’elle écrit et illustre…

« Miss Charity » de Marie-Aude Murail est un véritable bijou, un roman jeunesse qui plaira à la fois aux adolescents et aux adultes. Le personnage de Miss Charity est attachant et porteur, l’histoire est bien menée et passionnante, j’ai plongé dans ce livre avec deux envies contradictoires : celle de finir le livre au plus vite, mais aussi celle que le livre ne se finisse pas tellement je me sentais bien dans cette histoire…A lire absolument!

Publié en 2008 à l’Ecole des Loisirs, illustré par Philippe Dumas, 562 pages.

18 commentaires sur “Miss Charity – Marie Aude Murail

    1. je ne le connaissais pas non plus, et il est un peu en décalage du reste de l’oeuvre de l’auteure, qui est plutôt ancrée dans la société d’aujourd’hui…

    1. oui, il vaut mieux l’acheter…moi j’ai l’édition « brochée » qui est énorme, mais il y a aussi une version « poche » (qui fait la taille d’un livre normal :D)

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