Dan Chaon est un auteur que je n’avais encore jamais lu, et je l’ai découvert avec son nouveau roman « Une douce lueur de malveillance » dans la perspective du Festival America où il sera présent.
Et disons-le tout de suite, j’ai été bluffée! C’est un roman qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout et que j’étais chagrinée de devoir poser pour aller travailler ou pour dormir…d’ailleurs je l’ai lu en deux jours alors qu’il est plutôt dense.
Dans ce livre au titre original et très bien choisi (et qui n’a rien à voir avec le titre en VO, « Ill Will »), on suit plusieurs personnages, à plusieurs époques, et la construction est plutôt décousue. Pour simplifier : on fait la connaissance vers 2013 de Dustin, un psychothérapeute d’une quarantaine d’années dont la femme Jill vient de décéder d’un cancer. Dustin a deux fils : l’aîné, Dennis, est étudiant et ne vit plus à la maison, et le cadet, Aaron, a plongé sans que son père ne s’en rende compte dans la drogue et les mauvaises fréquentations. Un des patients de Dustin, un ancien policier du nom d’Aqil, est obsédé par la mort par noyade d’un certain nombre de jeunes hommes ces dernières années: il est persuadé que ces noyades ne sont pas accidentelles mais que ces jeunes gens sont victimes d’un tueur en série. Dustin devient ami avec lui et décide d’enquêter à ses côtés sur cette affaire…
Le récit nous entraîne également en 1983. L’adolescence de Dustin a en effet été marquée par un drame : ses parents, son oncle et sa tante ont été assassinés, et les cadavres des deux couples ont été retrouvés par Dustin et ses cousines, des jumelles un peu plus âgées que lui, Kate et Wave. Le témoignage de Dustin a été primordial pour condamner pour ce quadruple meurtre Russell, un adolescent perturbé, adepte de métal et de satanisme, que ses parents avaient adopté. Russell a donc passé vingt-neuf ans en prison avant d’être libéré, innocenté par un test ADN prouvant qu’il n’avait pas été en contact avec les corps.
« Une douce lueur de malveillance » est un roman très sombre, à l’atmosphère malsaine qui nous emmène dans un passé trouble où imagination, rêve, souvenirs fabriqués et réalité se mélangent. Difficile de savoir qui est coupable, qui est innocent, tant les cartes sont brouillées. Le présent n’est pas non plus en reste, entre Aaron qui s’enfonce dans la drogue, son père qui ne s’intéresse plus qu’à son enquête, et l’oncle Russell qui semble tirer les ficelles à distance, et dont les motivations sont bien floues.
Il y a vraiment un sentiment d’enfermement dans ce livre, j’ai eu l’impression que quasiment tout le récit se déroulait dans l’obscurité – dans des pièces peu éclairées, dans la nuit…tout est mouvant car personne n’est complètement coupable ou complètement innocent, les faux-semblants sont partout. Dan Chaon a réussi à mettre en place une intrigue déstructurée tout en maintenant l’attention et l’intérêt du lecteur : j’ai lu ce livre en apnée, tournant frénétiquement les pages jusqu’à la fin, où les pièces du puzzle se mettent enfin en place.
La mise en page est parfois fragmentée, disposée en colonnes, ce qui n’était pas forcément nécessaire, le récit étant bien assez nébuleux et tourmenté sans ce procédé somme toute artificielle. Ce sera mon seul bémol, « Une douce lueur de malveillance » est une véritable réussite, un coup de cœur aussi massif qu’inattendu !
Publié en Août 2018 chez Albin Michel, traduit par Hélène Fournier, 528 pages.
3e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.
Je compte bien le lire, le bouquin sera à la bibli (donc pas la peine de le demander, suffit d’attendre)
Je te recommande son précédent roman, paru il y a qq années.
j’ai vu qu’il en avait sorti deux, « Cette vie ou une autre » et « Le livre de Jonas », ainsi que des recueils de nouvelles…
Quelle histoire, hein! La fin est très réussie. Lorsque toutes les pièces du puzzle se mettent en place… Époustouflant!
Si le texte en trois colonnes ne m’a pas dérangée, les espaces blancs dans le texte m’ont déconcentrée. Je me demandais pourquoi. Je lui poserai la question au festival!
oui, je me suis posé la même question pour les espaces blancs…au début j’ai même cru que c’était un problème de mise en page ! 😀
très contente à l’idée de pouvoir rencontrer l’auteur! j’aimerais bien lire un autre de ses romans avant le festival, mais je crains de ne pas en avoir le temps…
Ta chronique me donne très envie de le lire
j’en suis ravie !
et bin c la 2eme critique bien bien positive sur ce livre…oui cela donne envie…
un roman que je te conseille fortement!
Il a l’air assez étrange dans sa construction. Sans doute l’un des romans étrangers les plus marquants de la rentrée…
ah oui, très marquant, avec une construction et une atmosphère vraiment particulières…
J’ai eu l’occasion de l’écouter lors d’une édition précédente du festival America et l’amie qui m’accompagnait m’a dit le plus grand bien de ses romans. Je m’étais promis de le découvrir rapidement et ce n’est toujours pas le cas…J’espère que ce roman sera enfin l’occasion pour moi de découvrir le travail de Dan Chaon.
ah oui, c’est l’occasion ! j’aimerais bien lire au moins l’un de ses romans précédents
ça a l’air vraiment prenant !! je le note au cas où (si jamais j’ai plus de temps libre et si ma pal disparaît comme par magie ^_^). Bon mardi!
oh oui, un incontournable de cette RL!
Bonjour Eva, tu es la deuxième personne qui dit beaucoup de bien de ce roman. Je l’ai noté pour un emprunt en biblio. Je ne connais pas du tout cet écrivain à découvrir. Bonne fin d’après-midi.
Tu me diras ce que tu en as pensé!
Celui-là aussi, je l’ai repéré. Il semble faire l’unanimité.
ah oui, il suscite un grand enthousiasme !
Salut je viens de finir ce roman et je ne suis pas sûr d’avoir compris la fin. Pourrais tu m’éclairer ?