Lundi soir, j’ai eu la chance d’être invitée par les éditions Pocket au restaurant Grand Coeur à Paris à la soirée de lancement en poche d' »Entrez dans la danse » de Jean Teulé, en présence de l’auteur.

Je connais Jean Teulé depuis très longtemps puisqu’il était sur Canal + quand j’étais gamine, mais je n’ai encore lu aucun de ses livres! « Entrez dans la danse », publié en broché chez Juillard, comme tous les livres de Jean Teulé, est un roman inspiré de faits réels : en 1518, les habitants de la ville de Strasbourg se meurent de faim et sont soudainement pris de folie, se lançant collectivement dans une danse endiablée…

La soirée a commencé par un entretien auquel Jean Teulé s’est livré avec aisance et humour.

Sur son mode d’écriture :

L’auteur, qui se déclare ravi d’être dans la liste des meilleurs vendeurs de livres depuis 6 ou 7 ans (et insatisfait de ses premiers romans qui n’ont pas connu le succès), a besoin d’un titre pour son roman mais aussi d’une couverture avant de pouvoir l’écrire. C’est d’ailleurs le graphiste du Louvre qui lui crée ses couvertures. Il écrit sur un vieux bureau, acheté il y a longtemps, mais qu’il ne veut pas changer, de peur que cela lui porte la poisse. Comme il a deux habitations, un appartement à Paris et une maison en Bretagne, il s’est arrangé pour avoir dans chacun des deux logements une pièce et un bureau disposé de la même manière, afin de pouvoir écrire dans les mêmes conditions.

Sur ses personnages :

Jean Teulé a besoin d’aimer ses personnages pour pouvoir écrire sur eux, qu’ils soient historiques ou fictionnels. « Darling » n’est pas une oeuvre de fiction, mais l’histoire de sa cousine germaine – son livre a d’ailleurs provoqué des remous dans la famille et il est persona non grata en Normandie ! Il aurait voulu rencontrer le Montespan, un homme mort en disant, au sujet de sa femme, la maîtresse de Louis XIV : « je ne réclame que la gloire de l’avoir aimée ». Charly 9 et Fleur de Tonnerre sont également des personnages pour lesquels il a de l’affection. Et s’il a écrit sur plusieurs poètes, il n’a jamais voulu faire de livre sur Baudelaire car il ne le supporte pas !

Sur son inspiration :

Son prochain livre, « Gare à Lou », qui sort prochainement chez Juillard est une œuvre de fiction, tout comme « Le Magasin des Suicides », et met en scène une petite fille de douze ans qui a le pouvoir de jeter des sorts. Ce livre lui a été inspiré, comme d’ailleurs d’autres de ses romans, par un voyage en train où un contrôleur lui avait poinçonné son billet, puis, le contrôlant de nouveau quelques minutes plus tard en le croisant dans le train, avait remarqué que le billet n’était pas valable pour ce train mais pour celui d’avant et lui avait donc collé une amende. Jean Teulé lui avait alors dit pour se venger « Un grand malheur va vous arriver ! « .

De manière générale, il aime écrire sur des histoires incroyables sur lesquelles personne n’a encore écrit : des sujets inexplorés, des pépites inexploitées,  LE Montespan ou encore Fleur de Tonnerre. Il aime penser « Il était temps que j’arrive! ». Pour l’histoire d' »Entrez dans la danse », il est vraiment surpris qu’il n’y ait pas eu d’autres romans que le sien. Pour l’anecdote, après la sortie du livre, la mairie de Strasbourg a organisé une exposition sur ce fait historique, et avait même proposé pour l’inauguration de l’exposition une gigantesque flash mob !

Dans ses romans historiques, Jean Teulé n’aime pas prendre de liberté avec l’Histoire : il veut que les faits racontés soient véridiques et que la création s’exprime uniquement dans ce qu’on ne connait pas,  par exemple les conversations.

Sur son parcours :

De manière générale, Jean Teulé fait lire le manuscrit à son éditeur au bout d’un ou deux chapitres, puis le premier tiers. S’il écoute l’avis de l’éditeur, il n’en tient pas forcément compte : par exemple, l’éditeur pensait que Le Magasin des Suicides, en raison de son thème, ne marcherait pas…

Quand il travaillait à Canal +, il avait des problèmes pour écrire car il faut être extraverti pour la télévision et introverti pour l’écriture, et il était compliqué pour lui d’osciller entre ces deux attitudes opposées. Il se disait que s’il trouvait une bonne idée de roman, il arrêterait la télé. Un jour, alors qu’il était dans son bureau à Canal +, l’accueil l’a appelé en lui disant qu’une fermière l’attendait dans le hall pour lui raconter sa vie. En descendant, il s’est trouvé face à « une grosse fermière édentée portant un panier ». Gildas et de Caunes pensaient que c’était un nouveau personnage pour les Deschiens, c’était en fait sa cousine germaine. C’est elle qui a trouvé le titre du roman écrit par Jean Teulé et inspiré par sa vie : « Darling », a priori une référence à une chanson de Roch Voisine. Il a aussitôt appelé Alain de Greef pour annoncer qu’il quittait Canal + : celui-ci pensait qu’il était ivre, et ne l’a pas cru !

Sur son langage :

Jean Teulé a l’habitude d’utiliser un langage plutôt cru dans ses livres, ce qui peut choquer le lecteur, et surtout sa propre mère qui est une fervente catholique, et qui, recevant son roman  » Héloïse », l’avais jeté directement à la poubelle, horrifiée par ce qu’elle en avait entendu dans les médias. Elle a même prié pour que certains de ses livres ne connaissent pas le succès ! Dans une émission télé, Françoise Hardy aussi lui avait dit qu’elle était choquée par des scènes d’amour qu’il avait écrites (alors qu’elle décrit ses diarrhées sur soixante pages !, s’indigne-t-il)

Dans son prochain roman, « Gare à Lou », il n’y a pas un gros mot ni une remarque sur la religion, voire même un mot à connotation religieuse comme « adieu », « je vous en prie », rue Saint-quelque chose…

Sur les adaptations de ses oeuvres :

Plusieurs de ses romans ont été adaptés en films, films d’animation, BD ou pièces de théâtre. Il ne souhaite pas s’impliquer dans ces adaptations, et se contente de céder les droits. Il a aimé le film « Darling », même s’il précise que Marina Foïs ne ressemble pas du tout à sa cousine ! Et il se souvient avec délectation de sa cousine demandant à Guillaume Canet de danser un slow avec lui … Pour « Mangez-le si vous voulez », il n’a voulu voir ni le texte de la pièce, ni les répétitions et a découvert l’adaptation théâtrale à la première : il dit avoir été soufflé !

Et pour finir, le scoop : Jean Teulé a été élu plus beau bébé de France en 1955 ! Et comme il le dit lui-même : « joli poupon, vilain garçon »!

Ce fut une excellente soirée, dans un lieu très agréable : après l’entretien, Jean Teulé s’est livré à une séance de dédicaces où il s’est révélé très accessible, disponible, drôle,  prenant la pose pour les photos avec un grand sourire, un régal !

Merci à Emmanuelle Vonthron Kapp des éditions Pocket pour l’invitation, et à Sophie Horvath (Sophie Bazar) pour les photos ! (elle aussi m’a révélé un scoop durant la soirée : son roman « Le quartier des petits secrets » va bientôt paraître chez Flammarion ! ) pour les photos !