« L’Empreinte » d’Alexandria Marzano-Lesnevich est un document que j’ai lu deux fois : peu de temps après sa sortie (je suis toujours très attentive aux publications Sonatine, et ce livre avait des échos très positifs) et puis de nouveau, il y a quelques jours, pour Bibliomaniacs mais aussi dans le cadre du Prix ELLE, car ce livre fait partie de la sélection d’Avril.

La première fois, je ne l’avais pas lu dans de bonnes conditions, et si le livre m’avait intéressée, je lui avais reproché des longueurs et des redondances. Mais je l’ai relu dans de meilleures conditions, avec deux grosses plages de lecture au lieu de le fragmenter, et mes réticences se sont complètement évanouies!

Alexandria Marzano-Lesnevich doit effectuer un stage dans le cadre de ses études de droit : opposée à la peine de mort, elle s’adresse à un cabinet qui est spécialisé dans la défense des prisonniers condamnés à cette sentence. Dans le cadre de ce stage, elle visionne une vidéo de Rick Langley, pédophile condamné à mort pour le meurtre d’un petit garçon de six ans, Jeremy. Alexandria ressent alors de la haine pour cet homme, qu’elle souhaiterait voir mort, et elle s’interroge sur les raisons d’un tel bouleversement de ses convictions profondes. On découvre rapidement que cette affaire fait écho à son histoire personnelle : enfant, elle a été victime d’abus sexuels de la part de son grand-père.

« L’Empreinte » raconte l’enquête qu’Alexandria Marzano-Lesnevich va mener sur cette affaire : on va découvrir l’histoire de Rick Langley, mais aussi celle – ahurissante – de la famille du jeune homme. Le récit de cette enquête va alterner avec le récit de l’histoire d’Alexandria et de sa famille, avec de nombreux effets miroir.

C’est un ouvrage passionnant, d’un point de vue juridique comme d’un point de vue journalistique, mais aussi parce que ces deux histoires de famille sont extraordinaires. Il y a d’ailleurs de nombreux points de convergence entre la famille d’Alexandria et celle de Rick Langley, et les deux sujets sont habilement entrelacés.

L’auteure a trouvé la bonne distance pour nous conter cette histoire, sans pathos, mais avec recul, finesse, et analyse, et surtout sans manichéisme, que ce soit au sujet du grand-père ou au sujet de Rick Langley. Rick Langley a tué, peut-être violé un enfant, mais Alexandria Marzano-Lesnevich nous le présente vraiment à 360 degrés, avec son contexte familial, sa trajectoire, les éléments qui ont conduit au drame, et il est impossible de ne pas le voir comme un être humain, et comme un homme qui s’est rendu très vite compte du danger qu’il représente, qui a demandé de l’aide au système médical et juridique, mais sans succès.

Lors de ma deuxième lecture, j’ai complètement adhéré à ce que propose Alexandria Marzano-Lesnevich, à la structure et au contenu de son récit . « L’Empreinte » est un livre très riche, aux multiples facettes : enquête juridique, histoire de famille, livre d’apprentissage, histoire d’amour, mais aussi pardon et résilience. Un ouvrage atypique, à découvrir d’urgence! 

Publié en Janvier 2019 aux éditions Sonatine, traduit par Héloïse Esquié, 480 pages.

15e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2019.

Le roman est à l’affiche de l’émission d’Avril 2019 du podcast littéraire Bibliomaniacs.

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