Roland est mort – Nicolas Robin

Ce week-end, j’étais partie avec « Blanc Mortel » de Robert Galbraith dans le sac en ayant bien l’intention d’avancer rapidement dans ce pavé de quasi 700 pages… bien sûr, en arrivant chez mes parents, je n’ai pas pu m’empêcher d’examiner les centaines de livres empilés dans leur bureau et je suis tombée sur « Roland est mort » de Nicolas Robin, un roman que je ne connaissais pas, d’un auteur que je ne connaissais pas, et comme la couverture était sympathique, que ma mère – qui l’avait reçu en cadeau d’une ancienne élève devenue amie- m’en disait du bien et qu’il était court, je n’ai pas pu m’empêcher de déroger à mon programme et de le lire!

Le Roland du titre est le voisin de pallier du narrateur. Les deux hommes n’étaient pas amis, n’entretenaient pas de relation de voisinage, n’avaient même jamais échangé quelques propos anodins. Le narrateur entendait juste à travers les murs peu épais les chansons de Mireille Mathieu que Roland écoutait en boucle. Un jour, il apprend que ce fameux voisin a été retrouvé mort, la tête dans la gamelle de son chien. Cela faisait une semaine qu’il était décédé. Roland était célibataire, n’avait pas de famille, pas d’amis, et seulement son travail au tri postal, Mireille Mathieu, et son chien dans la vie. Et lorsque les pompiers trouvent le caniche, nommé lui aussi Mireille, dans l’appartement, ils le confient, sans vraiment lui demander son avis, à notre narrateur.

Et ce narrateur, parlons-en. A l’aube de la quarantaine, il est célibataire depuis que sa compagne l’a quitté pour un autre, au chômage – et ce ne sont pas ses molles recherches qui vont l’aider à retrouver du travail- sans ami,  et pas vraiment proche de sa famille. Il passe la plus grande partie de son temps reclus chez lui, à regarder du porno…l’arrivée dans sa vie de Mireille le caniche, puis de l’urne contenant les cendres de Roland va perturber la routine dans laquelle il s’était enfermé.

« Roland est mort » est un bol de fraîcheur qui évoque de façon pince-sans-rire la solitude et la dépression. Le narrateur est un loser attachant, qui a perdu pied depuis sa rupture amoureuse, et qui s’est replié sur lui-même pour se protéger. Il est en décalage avec la société, avec sa famille, avec sa génération…Roland, ce pourrait être lui dans trente ans : un homme qui meurt seul, que personne ne connait à part à son travail, où on l’a déjà remplacé. De manière générale, j’aime les romans un peu feel-good, un peu décalés, qui abordent de façon légère des thèmes graves et ce livre en fait partie.

« Roland est mort » n’est pas exempt de défauts : l’intrigue tourne parfois un peu en rond, et le personnage de Chantal la masseuse coréenne ne m’a que moyennement convaincue. Mais en moins de 200 pages, Nicolas Robin a réussi à créer son univers, et un ton qui lui est propre : j’ai souvent souri au détour d’une phrase. Ce n’est sans doute pas le livre de l’année, mais c’est un roman qui m’a fait à la fois réfléchir et passer un bon moment de lecture. Une jolie découverte ! 

Publié en 2016 aux éditions Anne Carrière, 182 pages, disponible en poche au Livre de Poche.

4 commentaires sur “Roland est mort – Nicolas Robin

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