L’insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera

Je possède un exemplaire de « L’insoutenable légèreté de l’être » de Milan Kundera depuis plus de quinze ans, mais il aura fallu que David Foenkinos mette ce livre à l’affiche de notre podcast Bibliomaniacs dont il était l’invité spécial pour que je le sorte de ma PAL et que je le lise enfin.

Je ne savais pas vraiment de quoi parlait ce livre, et je pensais découvrir une histoire d’amour tumultueuse sur fond de communisme… et si ce n’est pas faux, le roman n’est quand même pas du tout ce à quoi je m’attendais ! Il est en effet très loin d’être linéaire, et pour être tout à fait honnête, plutôt chaotique!

Il y a effectivement des relations amoureuses dans « L’insoutenable légèreté de l’être ». Tomas est un chirurgien qui multiplie les conquêtes, sans s’attacher, jusqu’au jour où il rencontre par hasard Teresa, une jeune provinciale qui le rejoint à Prague et s’installe chez lui. Tomas et Teresa vont donc former un couple, mais un couple mal assorti, dans une relation durable mais finalement peu épanouissante : si Teresa est fidèle, Tomas reste volage – ce qui perturbe énormément sa compagne – et notamment avec Sabina, une artiste qui est sa maîtresse au long cours, mais qui entretient elle-même une liaison avec un homme marié, Franz.

En sus de ces relations amoureuses, il y a tout une composante philosophique et aussi un contexte géopolitique puisque le récit se déroule dans les années 60 et 70, avec comme point d’orgue le Printemps de Prague en 1968 et l’invasion des Russes. 

J’ai été déstabilisée par cette lecture, et par l’aspect patchwork et foisonnant de ce livre. Le récit avance, puis repart en arrière, on change de personnage, d’angle, on prend un virage philosophique...Ce n’est pas une lecture facile, mais le livre n’est pas inaccessible pour autant, et il a un côté vraiment fascinant…chaque fois que je commençais à décrocher, je trouvais toujours quelque chose d’intéressant auquel me raccrocher. J’ai notamment aimé le thème du couple mal assorti, la description de la jeunesse de Teresa, ses rapports compliqués avec sa mère, son mal-être se traduisant par son obsession pour le camp de concentration. L’impact du communisme sur la vie des protagonistes est également un sujet extrêmement bien traité dans le livre, avec par exemple la régression sociale vécue par Tomas, ou encore la paranoïa qui anime Teresa lorsqu’elle rencontre un homme et se demande s’il n’est pas un agent qui tente de la séduire pour obtenir des informations ou faire ensuite pression sur elle.  J’ai été aussi particulièrement intéressée par deux thèmes majeurs qui sont évoqués dans ce livre : le mythe de l’Hybride de Platon , mais aussi celui du hasard et des coïncidences qui entraînent la rencontre entre deux personnes. 

 « L’insoutenable légèreté de l’être » était mon premier livre de Milan Kundera et je ne vous cache pas que cette lecture a été compliquée : il faut s’attendre à se sentir perdu, choqué, perturbé…mais il y a aussi un charme puissant dans ce roman qui nous entraîne jusqu’à la fin du récit et nous marque durablement.

 

Publié  en 1984 chez Gallimard, traduit par François Kerel, 400 pages, en poche chez Folio.

Retrouvez l’avis des Bibliomaniacs + David Foenkinos dans notre émission de Juin 2019 ici.

8 commentaires sur “L’insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera

  1. Lu à sa sortie, il y a …trente ans ? Un choc total et une adhésion complète à l’époque . Pas du tout le souvenir d’une lecture difficile, tu me surprends, là? Mais je ne prendrai pas le risque d’une relecture

  2. Comme Mior, à l’époque, choc total. J’ai dévoré l’oeuvre de Kundera… J’ai tenté une relecture il y a quelques années et j’ai réalisé à quel point mes goûts ont changé. Ça a fessé !

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