J’ai lu tous les livres d’Arnaldur Indridason, que ce soit les enquêtes d’Erlendur, l’enquête de son nouveau personnage phare Konrad, la Trilogie des Ombres, ses livres indépendants… je ne pouvais donc pas manquer la sortie de son « nouveau » roman, « Les Roses de la Nuit » : nouveau entre guillemets car il s’agit en fait d’un livre datant de 1998, la deuxième enquête d’Erlendur après « Les Fils de la Poussière ». (Bizarrement, ces enquêtes n’ont été publiées en France qu’à partir du 3e tome!)
Un couple pris d’une envie subite en longeant un cimetière de Reykjavík (!) est en plein ébat sur une tombe (!!) lorsqu’il voit un homme déposer un corps sur une tombe voisine, qui est celle d’un héros de l’indépendance islandaise. Le cadavre est celui d’une jeune fille, une junkie, révèle l’autopsie. Personne n’ayant déclaré sa disparition, Erlendur et son collègue Sigurdur Oli n’ont pas d’information sur son identité, et vont donc suivre deux pistes. La propre fille d’Erlendur, Eva Lind, qui elle-même est une droguée et qui connait bien les milieux interlopes, pourrait peut-être leur permettre de trouver le nom de l’adolescente. Et le fait que le cadavre ait été déposé sur la tombe d’un homme célèbre originaire des fjords de l’Ouest pourrait indiquer que la clé de l’énigme se trouve dans cette partie du pays. Lorsque les deux collègues s’y rendent, ils découvrent une région sinistrée par la vente des droits de pêche, qui entraîne un exode massif des familles de pêcheurs vers Reykjavík.
Dans ce second tome, les personnages d’Erlendur et Sigurdur Oli commencent à prendre de l’ampleur, et on découvre notamment les tourments d’Erlendur, aux prises avec une ex-femme qui le hait et deux enfants qui sont tout deux tombés dans l’addiction – sa fille se drogue et son fils est alcoolique. Heureusement, Arnaldur Indridason a abandonné toute velléité d’écrire des romans d’anticipation (cf Les Fils de la Poussière) pour se consacrer à ce qu’il maîtrise beaucoup mieux : une enquête policière bien ficelée, des personnages attachants, et une peinture de l’Islande en plein bouleversement – autant on sent dans la Trilogie des Ombres que l’auteur voyait d’un mauvais œil l’occupation américaine, autant il n’aime pas non plus la spéculation immobilière et la transformation des activités traditionnelles du pays (pêche, agriculture) qui ont pour conséquence l’exode massif vers la capitale et le développement de la drogue et de la prostitution…
Cela fait un certain temps que je ne suis plus enthousiasmée en lisant les enquêtes d’Erlendur mais je passe toujours un excellent moment en leur compagnie : ces romans policiers d’Arnaldur Indridason sont solides, soignés, leur intrigue est maîtrisée, l’Islande est quasiment un personnage à part entière, et « Les Roses de la Nuit » ne déroge pas à cette règle. C’est un livre de qualité, que j’ai pris plaisir à lire, et qui donne envie de relire tous les tomes suivants, dans l’ordre chronologique et non de parution, histoire de voir évoluer le personnage d’Erlendur…
Publié en Octobre 2019 aux éditions Métailié, traduit par Eric Boury, 256 pages.
18e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2019.
Tu as lu tout Indridasson ! Tu es fan ^^
Pour ma part je n’ai lu que La femme en vert il y a très longtemps. Je me souviens avoir apprécié.
la qualité est variable selon les livres mais c’est un auteur que j’aime beaucoup