Dave Eggers est un auteur que l’on m’a chaudement recommandé et que j’étais donc ravie de découvrir avec son dernier livre, un ouvrage de non-fiction, « Le Moine de Moka ».
Dave Eggers nous raconte le parcours de Mokhtar, un jeune Californien d’origine yéménite qui, alors qu’il est portier dans un immeuble de luxe, découvre un peu par hasard l’univers du café et surtout son histoire. En apprenant que le Yémen était autrefois LE pays du café, mais aussi que la surface dédiée et la qualité ont désormais fortement diminué, il décide de se rendre dans son pays d’origine dans le but d’y faire produire un café qui soit à la fois excellent et respectueux des petits producteurs. Mais alors que le projet de Mokhtar commence à prendre forme, éclate au Yémen la guerre civile et le jeune homme se retrouve bloqué dans le pays…
J’ai été très agréablement surprise par ce livre, tant sur la forme que sur le fond. Alors que je m’attendais à une froideur journalistique, Dave Eggers a une plume très plaisante qui donne un vrai souffle romanesque au « Moine de Moka ». Il faut dire que tous les ingrédients sont réunis pour que l’ouvrage se dévore. Comme beaucoup, je bois quelques tasses de café par jour, tout en ignorant absolument tout sur la culture du café et les rouages de ce secteur économique. Le livre a donc été très instructif sur ce plan, mais aussi sur l’histoire du Yémen, un pays qui n’est pas touristique et dont on ne parle actuellement dans les journaux que pour des histoires de conflits et de terrorisme.
Et puis « Le Moine de Moka », même s’il s’agit de non-fiction, s’inscrit dans la lignée des grands romans américains. Le personnage de Mokhtar est très attachant, et finalement typiquement américain : issu d’un milieu modeste, il va dès son plus jeune âge user de son intelligence, de son entregent et de sa débrouillardise pour prendre l’ascenseur social (ce qu’illustre bien l’immeuble The Infinity), porté par une démarche entrepreneuriale mais aussi une vision : faire parler de façon positive de son pays d’origine, dans la ligne de mire du gouvernement Trump, et faire en sorte que les petits producteurs et les ouvriers de l’industrie du café au Yémen aient un salaire et des conditions de travail et de vie décents.
Il y a donc dans « Le Moine de Moka » la trajectoire d’un « self-made man », mais aussi des facettes humaine, économique, et géopolitique extrêmement intéressantes. Le récit est vraiment très accessible, porté par du suspense et de nombreux rebondissements qui tiennent en haleine : l’ouvrage est une réussite et Dave Eggers est un auteur dont je souhaite absolument explorer la bibliographie.
Publié en Octobre 2019 chez Gallimard, traduit par Juliette Bourdin, 384 pages.
19e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2019.
Merci à Léa du Picabo River Book Club et à Gallimard pour cette lecture.
je n’ai pas lu ton billet, juste la dernière phrase pour savoir si tu as aimé car je l’ai acheté tout récemment (en anglais) je reviendrai ici après l’avoir lu !
te voilà rassurée 🙂
Je compte bien le lire. J’adore l’univers de Eggers. Un auteur tellement éclectique…
j’ai hâte de découvrir son oeuvre, je n’en entends que du bien !