Ayant vraiment beaucoup aimé « La Daronne » (dont j’ai hâte de voir l’adaptation en film avec Isabelle Huppert dans le rôle principal…je devais assister à l’avant-première, mais elle a malheureusement été annulée …), je me suis bien sûr précipitée sur le nouveau roman d’Hannelore Cayre, « Richesse Oblige ».
Blanche de Rigny n’a, malgré son nom, rien d’une aristocrate. Cette trentenaire, mère célibataire d’une petite fille, est sévèrement handicapée depuis un accident de voiture, et vit chichement d’un emploi payé à peine le SMIC aux archives du Ministère de la Justice. Alors qu’elle rend visite à son père, sur l’île au large de la Bretagne dont elle est originaire, elle entend par hasard parler d’une famille qui porte le même nom qu’elle. Lorsqu’elle se renseigne, elle découvre non seulement que les membres de cette famille sont pour la plupart des pourris, mais aussi qu’elle et eux ont un ancêtre commun, Auguste de Rigny, jeune homme issu d’un foyer fortuné, qui était mobilisable lors de la guerre de 1870….Blanche se lance dans une enquête généalogique pour comprendre comment ce noble a pu avoir une descendance avec une famille de pêcheurs bretons…
Le récit alterne entre l’histoire d’Auguste de Rigny, un jeune idéaliste qui cherche désespérément à acheter un remplaçant qui s’engagerait à sa place, et le quotidien de Blanche, avec sa fille Juliette et sa meilleure amie Hildegarde, militante pour le droit des animaux, qui souffre d’une maladie chronique. Blanche et Patience, l’héroïne de la Daronne, ont de nombreux points communs : ce sont deux femmes qui galèrent, mais qui ont via leur travail accès à des informations qui peuvent valoir très cher si elles sont bien exploitées. Blanche doit de plus gérer le regard des autres, et les difficultés quotidiennes liées à son handicap et au fait que les transports, notamment, sont peu adaptés aux personnes à mobilité réduite. Elle va se lancer dans un trafic mais aussi vouloir sa part du gâteau lorsqu’elle découvre les vilains secrets que cachent les lointains cousins qu’elle a découverts.
Il est rare dans la littérature actuelle que l’on parle de la guerre de 1870 ou de la Commune, et si je connaissais le principe du remplacement militaire, je n’avais rien lu récemment sur le sujet et c’est donc une partie du livre qui m’a intéressée. Le rythme de « Richesse Oblige » est enlevé, j’ai tourné les pages avec plaisir, d’autant plus que Blanche de Rigny est un personnage attachant. L’autrice fait des parallèles entre notre société actuelle et celle de 1870, et on la sent en colère contre la répartition déséquilibrée des richesses, l’irrespect de l’environnement, le manque de considération envers les gens handicapés ou encore l’impunité.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce nouveau livre d’Hannelore Cayre qui, comme La Daronne, repose sur une femme qui un jour se rebelle, en a assez de subir sa vie et d’être exploitée et utilise à la fois son intelligence et des moyens illégaux pour s’en sortir. Un petit bémol quand même : certains passages auraient mérité d’être plus développés, notamment le schéma de blanchiment d’argent, ou la façon dont un membre de la famille est retrouvé – en deux coups de cuiller à pot sur internet via des mots clés tout sauf précis… pas très crédible ! Il n’empêche que « Richesse Oblige » est un roman engagé, malin, jouissif, un vrai plaisir de lecture !
Publié en Mars 2020 chez Métailié, 224 pages.
17e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
J’aime aussi la période de la commune. J’avais été moins enthousiaste que la plupart avec La Daronne, mais je suis curieuse de retrouver sa plume.
j’ai trouvé ce livre un peu en-deça de la Daronne, donc j’espère qu’il te plaira !
J’aurais pu écrire le même message que Karine !
vous êtes en phase 🙂
J’avais été déçu par La Daronne.
Oui c’est vrai que la période de la guerre de 1870 et de la Commune sont des événements peu traités en littérature.
Pour la guerre de 1870, il y a « Boule de Suif », conte cruel de Maupassant et également « La débacle » de Zola (que je n’ai pas lu).
Plus récemment, pour La commune, il y a l’excellent « Dans l’ombre du brasier » de Hervé Le Corre.
j’avais noté « Dans l’ombre du brasier » suite à un de tes précédents commentaires, je vais bientôt le lire !