« Nuits d’été à Brooklyn » est le nouveau livre de Colombe Schneck, autrice dont j’ai déjà lu plusieurs livres, chroniqués ici sur le blog. Au contraire de ses précédents ouvrages, celui-ci est présenté comme une fiction, même si le personnage principal présente de nombreuses similitudes avec Colombe Schneck.
Esther, jeune Française juive, s’installe à New York pour quelques mois, le temps de faire un stage de journalisme. Dans le cadre de ce travail, elle interviewe Frederick, un Afro-Américain de quarante-et-un ans, marié et père d’une adolescente, universitaire reconnu et spécialiste de la littérature francophone, notamment de Flaubert. Entre cet homme et cette femme que tout semble opposer, c’est le coup de foudre et une liaison se noue.
Mais à Crown Heights, quartier populaire de Brooklyn où vivent essentiellement des Afro-Américains d’origine caribéenne et des Juifs Loubavitch, se produit un fait divers qui va mettre le feu aux poudres. Une voiture conduite par un Loubavitch fauche accidentellement deux enfants noirs qui jouaient dans la rue. La situation dégénère en émeutes, durant lesquelles un jeune Juif va être poignardé à mort.
Je connaissais cet événement, découvert durant la lecture de « Jewish Gangsta »de Karim Madani mais c’est un sujet qui a été peu exploré en littérature, même américaine, et j’ai apprécié que Colombe Schneck s’en empare. La recrudescence de l’antisémitisme durant cette émeute, et les tensions raciales qui embrasent New York sont racontées en miroir de cette liaison passionnée qui éclot entre Frederick et Esther.
Le thème vu et revu de l’histoire d’amour et de la passion adultérine est donc ici traité avec originalité par Colombe Schneck puisqu’il s’inscrit dans l’actualité tourmentée de New York. Les émeutes, vues comme des pogroms par la communauté juive de Crown Heights, font écho au passé familial opaque d’Esther.
Tout était donc réuni pour me plaire mais j’ai néanmoins des réticences sur le schéma narratif choisi par l’autrice : la construction du récit n’est pas linéaire, il y a sans cesse des allers-retours temporels, ce qui alourdit la narration, complexifie inutilement la lecture, et a fini par me lasser. (Sans compter les petites erreurs de calcul : si Esther a 24 ans et Frederick 41, non il n’est pas de 14 ans son aîné…)
« Nuits d’été à Brooklyn » est donc un roman que j’ai trouvé touchant, intéressant et original mais sur lequel mon avis est mitigé en raison de cette construction hachée qui rend la lecture tout sauf fluide.
Publié en Février 2020 chez Stock, 304 pages.
19e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.