De Joann Sfar, j’ai aimé les bandes dessinées du Chat du Rabbin et le film « Gainsbourg (vie héroïque) ». Je l’ai découvert auteur via « Comment tu parles de ton père » il y a quelques années, et même si mon avis avait été mitigé, j’avais très envie de lire son nouveau livre, un roman, « Le Dernier Juif d’Europe », dont le thème me tentait beaucoup.
Mais rebelote, mon avis est de nouveau mitigé. Le sujet du « Dernier Juif d’Europe » est particulièrement brûlant puisque Joann Sfar évoque principalement l’antisémitisme, ainsi que l’actualité de ces dernières années en France. L’auteur met en scène plusieurs personnages, notamment la famille Abergel, la psychiatre Rebecka, mais aussi Ionas le vampire, en prise avec des monstres antisémites. C’est frais, inventif, plein d’énergie…émouvant aussi, comme lorsque le père Abergel ne veut plus être juif et souhaite se faire remettre un prépuce. Joann Sfar appuie là où ça fait mal, et l’on n’a aucun mal à reconnaître, sous léger pseudonyme, certains fâcheux qui font de l’antisémitisme leur fond de commerce…il y a beaucoup de bonnes idées dans ce livre, souvent drôles d’ailleurs, comme Johnny ressuscité par Macron pour calmer les Gilets Jaunes. A noter également que chaque chapitre est introduit par le très beau dessin d’un personnage.
Et pourtant, cette lecture n’a pas été de tout repos. J’avoue que les histoires de monstres et de vampires ne sont pas forcément ma tasse de thé, donc je n’ai pas vraiment accroché à cette facette du récit. Le livre est foisonnant, il y a énormément de personnages, de sujets évoqués, et j’ai eu du mal à m’y retrouver dans cette histoire qui part dans tous les sens jusqu’à en devenir lassante. On sent que Joann Sfar a voulu mettre beaucoup d’idées mais aussi beaucoup de choses qui l’énervent ou qui l’angoissent dans ce livre, et j’ai eu une sensation de trop-plein, de construction mal maîtrisée et de message brouillé.
Le fond est vraiment intéressant et pertinent, c’est plutôt la forme qui m’a moins plu, avec cette histoire qui m’a perdue en cours de route…dommage !
Publié en Février 2020 chez Albin Michel, 320 pages.
39e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
je l’ai vu à la LGL j’avoue que je ne l’ai jamais lu et ton billet ne m’étonne qu’à moitié car j’ai eu ce sentiment, un trop plein …
j’ai encore eu un écho hier d’un ami très motivé, qui n’a pas dépassé 20 pages…
Ton billet reflète tous les avis que j’ai lus à son sujet. Je passe sans regrets…
oui, c’est malheureusement assez unanime…
Le problème des romans à thèse… Il ne suffit pas de vouloir faire une démonstration, aussi louable soit-elle, pour faire un bon roman (et puis il faut avoir un bon éditeur, avec qui travailler. Qui ne cherche pas seulement à faire un coup éditorial…)
c’est dommage car le thème était intéressant, et l’univers de Joann Sfar est vraiment particulier…en revanche je ne sais pas du tout si le roman a été retravaillé avant sa publication ou pas!