Acheté un peu par hasard, « Zoo Station » de David Downing s’est révélé être une bonne surprise.
Le personnage principal, John Russell, est un journaliste britannique, ancien combattant et communiste dans sa jeunesse, qui, en 1939, vit à Berlin depuis une quinzaine d’années. Il a d’ailleurs épousé une Allemande, avec qui il a eu un fils, Paul, aujourd’hui âgé de douze ans, avant de divorcer, et est désormais en couple depuis un certain temps avec Effi, une starlette de cinéma.
Russell est approché par un agent soviétique qui lui commande pour la Pravda une série d’articles positifs sur l’Allemagne nazie qui ont pour but de préparer l’opinion publique de l’URSS au pacte de non-agression. Cela attire sur lui l’attention des services secrets britanniques, intéressés par le profil de ce journaliste anglais bien implanté en Allemagne et qui a la possibilité de voyager dans les pays limitrophes pour son travail…En parallèle, via un de ses voisins, journaliste également mais américain, Russell découvre l’existence d’un programme mis en oeuvre par l’Allemagne nazie pour exterminer ceux qu’elle juge indésirables…Lui qui souhaitait rester neutre pour ne pas mettre en danger son fils et sa compagne va devoir faire des choix, d’autant plus qu’il a sympathisé avec une famille persécutée par les Nazis car le père est juif…
J’ai beaucoup aimé cette lecture qui nous présente le nazisme vu à travers les yeux d’un étranger – Russell étant britannique – mais qui a passé près de la moitié de sa vie en Allemagne et qui entretient des liens forts avec ce pays. L’homme se retrouve entraîné dans des histoires qu’il ne maîtrise pas, et confronté à des dilemmes, mais ne peut se sentir indifférent face à des situations iniques et mortifères. John Russell est un personnage attachant et très bien incarné, et les différentes intrigues sont servies par des personnages secondaires qui sont également très réussis, de la famille Wiesner à son propre entourage : Effi, sa petite amie actrice qui doit souvent sortir son certificat d’aryanité, la soeur de celle-ci, Zarah, mariée à un Nazi mais inquiète pour son enfant qu’elle trouve différent, Paul son fils, adolescent tiraillé entre ce qu’il apprend aux Jeunesses Hitlériennes et ce que lui enseigne son père… même si « Zoo Station » se suffit à lui-même, on sent que l’auteur a ouvert des portes pour les livres suivants : en effet, c’est le premier tome d’une série policière, dont le volume suivant, Station Silésie, sortira bientôt en France. (après une petite recherche, j’ai vu qu’il y avait déjà six tomes publiés au Royaume-Uni)
Un policier historique basé sur des intrigues solides, un personnage principal original et attachant, et des axes de développement intéressants… et qui donne envie de lire la suite (et ça, c’est toujours bon signe!)
Publié en 2018 au Cherche-Midi, traduit par Cindy Kapen, en poche chez Mon Poche, 502 pages.
Voilà un roman que j’ai lu et beaucoup aimé, moi aussi.
Tu en parles de façon superbe !
J’admire ton analyse et ton esprit de synthèse, bravo !
merci Pauline, ça fait plaisir !