C’est en lisant un article de Libération en 2016 que j’ai entendu parler de l’histoire de Gilles Bertin, qu’il relate dans son récit autobiographique « Trente ans de cavale. Ma vie de punk ».
Le livre commence en 2016 : un homme d’une cinquantaine d’années franchit clandestinement la frontière entre l’Espagne et la France, et se livre à la justice.
Dans les années 80, Gilles Bertin est un jeune punk qui chante dans le groupe bordelais Camera Silens. Il tombe rapidement dans l’héroïne et dans la délinquance, en réalisant notamment des braquages.
Le point culminant (et final) de sa carrière est le cambriolage du dépôt toulousain de la Brink’s en Avril 1988 : sans coup de feu, une équipe improbable constituée de marginaux et de militants d’extrême-gauche, réussit, grâce à un braquage incroyablement ambitieux et sophistiqué, à voler 11 millions de francs. Si ses complices sont rapidement arrêtés, Gilles Bertin parvient à fuir en Espagne, laissant derrière lui sa compagne et son fils. Commencent alors trente années de cavale, sous le coup d’un mandat international.
Il nous raconte dans ce livre trente ans à vivre comme un fantôme, sans identité, sans papiers, sans parler de soi, dans la paranoïa et une relative solitude. Personne ne connait son vrai nom et son passé…sauf Cecilia, une jeune Espagnole qu’il rencontre à Barcelone et avec qui il va vivre une grande histoire d’amour pendant trois décennies, et mener une vie rangée.
Deux événements vont tout venir bouleverser, l’un négatif, l’autre positif : en 1995, Gilles Bertin est rattrapé par son passé lorsqu’il découvre sa séropositivité. Maladies, visites fréquentes à l’hôpital, traitements…ses problèmes médicaux vont considérablement l’affaiblir mais aussi l’obliger à frauder. En 2011, le couple a un enfant, Tiago. Lorsque celui-ci a cinq ans, Gilles Bertin, fatigué de se dissimuler, de mentir, craignant que sa compagne ait des ennuis avec la police à cause des fraudes, décide de rentrer en France pour faire face à la justice. Si celle-ci se montre compréhensive et juge l’homme qu’il est devenu, et non celui qu’il était, le plus dur sera de retrouver son identité et d’obtenir des papiers…puisqu’il a été déclaré mort. Il décédera malheureusement pour de bon en Septembre 2019 six mois après la publication de ce livre.
Une trajectoire assez incroyable, et un livre passionnant avec une très belle histoire d’amour. A noter qu’un documentaire, « Punk: il était une fois Gilles Bertin », est disponible en replay sur France 2 jusqu’au 11 mars 2021, où Gilles Bertin, homme posé, que l’on pourrait prendre sans problème pour un professeur d’Allemand ou d’Histoire, raconte sa vie mouvementée.
Publié en 2019 chez Robert Laffont, 270 pages.
hyper romanesque, j’adore! Je note !
ah c’est sûr que c’est ultra romanesque ! une vie digne d’un film !