J’ai beaucoup aimé « Beyrouth entre Parenthèses » de Sabyl Ghoussoub, et j’avais donc envie de découvrir son premier roman, « Le Nez Juif », sorti en 2018, également chez l’Antilope.
On y fait la rencontre d’Aleph, Parisien d’origine libanaise, doté d’un nez proéminent qui lui vaut des critiques de sa mère, qui lui dit régulièrement qu’il a « un nez juif », mais aussi d’un physique oriental qui crée de la confusion chez ses interlocuteurs, et parfois des situations ubuesques : est-il Libanais, Juif, Iranien? Entre ce qu’il est, ce pour qui on le prend, ce que veulent ses parents, Aleph est un peu perdu et cherche à trouver sa voie, qu’elle soit identitaire, professionnelle, politique ou amoureuse.
On retrouve dans « Le Nez Juif » des thématiques similaires à celles de « Beyrouth entre Parenthèses » : l’identité, le poids de la famille, la curiosité pour la culture juive et Israël, la trajectoire artistique, ainsi que des saillies humoristiques et des scènes surréalistes. C’est néanmoins un premier roman, et la trame narrative y est moins aboutie que dans le livre suivant: si ce récit qui semble être d’inspiration autobiographique commence sur les chapeaux de roue et enchaîne les traits d’esprit, le rythme s’essouffle ensuite un peu. Aleph exerce un certain nombre d’emplois, va dans plusieurs pays, enchaîne les conquêtes, tente plusieurs engagements: et tout comme le narrateur, je me suis parfois perdue dans ces accumulations, dans cet effet touche-à-tout, et dans un trop-plein de thématiques.
Cependant, même s’il y a des maladresses, même si le récit s’éparpille, j’ai aimé l’humour de ce texte, et le côté libre-penseur du narrateur qui s’affranchit du poids du passé et de l’histoire familiale, qui refuse les cases et les étiquettes, qui vomit l’extrémisme et tacle l’antisémitisme, et qui prône la curiosité et l’ouverture d’esprit. C’est un premier roman original, intelligent, et rafraichissant.
Publié en 2018 chez L’Antilope, 128 pages.