Dans « Aucune Terre n’est Promise » de Lavie Tidhar, Lior Tirosh, écrivain au succès confidentiel qui vit à Berlin, décide de retourner en Palestina, son pays natal qu’il a quitté il y a très longtemps.
« Aucune Terre n’est Promise » est en effet une uchronie, où Lavie Tidhar imagine que l’expédition de Nahum Wilbush et ses deux camarades en Ouganda en 1904 s’est soldée, non pas par un rapport négatif sur la possibilité que les Juifs d’Europe s’installent dans une zone qui leur serait dédiée en Afrique de l’Est, mais par une validation de ce projet, et la création de l’Etat de Palestina.
Mais lorsque Lior atterrit, il découvre un pays sous tension, entre attaques terroristes, conflits avec les contrées voisines, camps de réfugiés temporaires qui sont devenus permanents, et construction d’un mur décrié… (ça vous rappelle quelque chose?) Plusieurs faits étranges se produisent : un de ses anciens amis meurt sous ses yeux, il apprend que sa nièce Déborah, activiste pour la Paix, a disparu, et un homme de la Sûreté, Bloom, semble le suivre partout…
Ce qui pourrait être un thriller uchronique se complique lorsque l’on comprend que ce récit adopte trois points de vue narratifs, et qu’il existe plusieurs mondes parallèles, avec des histoires bien différentes, notamment sur ce qui arrive au peuple juif, et des voyageurs, comme Nour, qui circulent entre ces différents univers…
Ce livre, qui est une réflexion sur la situation en Israël, et sur les différents scénarios qui auraient pu se réaliser, du plus serein au plus sombre, est passionnant, et je l’ai lu avec beaucoup d’intérêt. J’avoue cependant que je ne suis pas une grande lectrice de SF, même si j’aime beaucoup le post-apocalyptique et les uchronies .Ma lecture d' »Aucune terre n’est promise » s’est donc complexifiée dès que les mondes parallèles ont fait leur apparition, j’ai parfois eu l’impression d’être dans un film de Christopher Nolan : j’ai trouvé ça beau, intelligent, inventif, maîtrisé…mais je n’ai pas toujours tout compris et j’ai parfois eu du mal à voir où l’auteur voulait en venir !
Même si certains passages sont un peu obscurs, « Aucune Terre n’est Promise » est un roman fascinant. J’ai vraiment beaucoup aimé ce premier rendez-vous avec un roman de Lavie Tidhar, et je découvrirai avec grand plaisir le reste de son œuvre.
Publié en Janvier 2021 chez MU Editions, traduit par Julien Bétan, 272 pages.
10e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2021.